Le premier cas de token non fongibles (NFT) créé et partagé par un « partisan du terrorisme » vient d'être découvert, ce qui laisse craindre que la nature immuable de la technologie blockchain puisse favoriser la diffusion de messages et de propagande terroristes.

Dans un article paru le 4 septembre dans le Wall Street Journal (WSJ), des experts du renseignement ont expliqué que les NFT pourraient être la preuve que l'État islamique et d'autres groupes terroristes pourraient aussi avoir recours à la technologie blockchain pour contourner les sanctions et lever des fonds en faveur de leurs campagnes terroristes.

Le NFT en question aurait été découvert par Raphael Gluck, cofondateur de la société de recherche américaine Jihadoscope, qui l'a trouvé par le biais de comptes pro-ISIS sur les réseaux sociaux.

Baptisé « IS-NEWS #01 », le token numérique se présenterait sous la forme d'une image arborant l'emblème de l'État islamique, accompagnée d'un texte qui félicite les militants islamiques basés en Afghanistan pour avoir pris d'assaut une base des Talibans.

Mario Cosby, ancien analyste du renseignement fédéral spécialisé dans les monnaies basées sur la blockchain, a déclaré que l'utilisateur avait créé deux autres NFT le 26 août ; le premier montrant un combattant de l'État islamique en train de montrer à des étudiants comment fabriquer des explosifs et le second condamnant le fait de fumer des cigarettes.

Une capture d'écran du NFT IS-NEWS #01 (à gauche). Source: The Wall Street Journal

Selon les analystes, il pourrait s'agir d'un signe indiquant que les groupes terroristes se servent de cette technologie naissante pour diffuser leur message et tester de nouvelles stratégies de financement de leurs activités.

« C'est essentiellement une expérience [...] pour trouver des moyens par lesquels un contenu peut être rendu indestructible », a déclaré Gluck.

Le token numérique aurait été coté sur la marketplace NFT OpenSea, mais la société l'a très vite retiré et a fermé le compte du poster, et a justifié sa démarche en mettant en avant sa « politique de tolérance zéro en matière d'incitation à la haine et à la violence ».

Le trio de NFT aurait également été présent sur la marketplace NFT Rarible et sur quelques autres avant d'être retiré.

Bien qu'aucun des NFTs ne semble avoir été tradé, Cosby dit que l'existence des tokens est un sujet très préoccupant parce que « ils sont aussi protégés de la censure qu'on peut l'être ». Il a également précisé ceci :

« Il n'y a rien qu'on puisse vraiment faire pour détruire ce NFT  ».

Par le passé, les experts en sécurité avaient déjà exprimé leurs inquiétudes quant à la possibilité pour les terroristes d'exploiter les technologies et les marchés émergents, y compris les NFT, pour financer des attaques.

En février dernier, le département du Trésor américain a publié une étude dans laquelle il faisait remarquer que la croissance du marché des NFT constituait un sujet d'inquiétude potentiel.

En mars, les autorités israéliennes ont confisqué un ensemble de 30 portefeuilles crypto provenant de 12 comptes d'exchange ayant un lien avec le Hamas, un groupe militant basé dans la bande de Gaza.

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En avril dernier, Matthew Levitt, directeur du programme Jeanette and Eli Reinhard Program on Counterterrorism and Intelligence au Washington Institute for Near East Policy, a déclaré à Cointelegraph que si les crypto-monnaies ont été associées à plusieurs cas de financement du terrorisme, « elles ne sont pas encore devenues un moyen principal de financement du terrorisme ».