Le 16 septembre dernier, la Banque centrale européenne (BCE) publiait la liste des cinq sociétés qui l’accompagneront dans le développement du prototype de l’euro numérique. Il s’agit notamment de la fintech Nexi, de la banque espagnole CaixaBank, de la plateforme de paiement française Worldline, de l'Initiative européenne pour les paiements (EPI) et du géant de l’e-commerce Amazon.

Toutefois, la présence de ce dernier sur la liste commence à soulever des interrogations chez certains membres du Parlement européen. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas hésité à le faire savoir jeudi lors d’un échange avec les représentants de la BCE.

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Les parlementaires dénoncent la politique sociale et fiscale « discutable » d'Amazon

Chargé de faire le point des progrès réalisés par la BCE sur l'euro numérique au Parlement européen, Fabio Panetta s’est finalement retrouvé à justifier la collaboration avec Amazon. En effet, le membre du directoire de la BCE a dû répondre aux différentes préoccupations des députés de la commission des affaires économiques et monétaires (ECON) à ce sujet.

À venir à 9:00 CET : Fabio Panetta, membre du directoire, s'exprime sur les progrès du projet d'euro numérique devant la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen @EP_Economics. Suivez en direct https://t.co/HJDTnn9Eel - Banque centrale européenne (@ecb) 29 septembre 2022

Ces derniers ont notamment pointé du doigt la politique sociale et fiscale « discutable » du géant de l’e-commerce. À cela s’ajoute la violation présumée des règlements de l'UE en matière de protection des données. Celle-ci avait d’ailleurs valu à Amazon une amende record de 746 millions d’euros de la part des régulateurs européens l'année dernière.

Des explications qui n’ont fait qu’augmenter les craintes des parlementaires

Fabio Panetta a essayé tant bien que mal d’apaiser les parlementaires en expliquant le rôle joué par le géant de l’e-commerce dans le développement du prototype. Il a assuré que la mission d’Amazon ne se résume qu’à fournir une expertise dans la conception de l’interface utilisateur pour les paiements avec l’euro numérique.

Toutefois, l’affirmation de Panetta selon laquelle la société n'a pas été rémunérée pour ce travail n’a guère convaincu les parlementaires. Elle a plutôt eu pour effet d’augmenter les craintes de ces derniers en ce qui concerne les réelles motivations d’Amazon dans ce projet.

Membre du Parti socialiste ouvrier espagnol, Jonás Fernández a réagi en déclarant qu’il est désormais « plus inquiet qu’avant » à la suite de cette déclaration. De son côté, Stéphanie Yon-Courtin a été beaucoup plus virulente dans ses propos :

« Nous savons qu'Amazon veut être payé avec des données. »

Fabio Panetta s’est tout de même voulu rassurant, affirmant que les futurs utilisateurs de l’euro numérique n’ont rien à craindre sur ce point.

« Nous veillerons à ce que la banque centrale ne puisse lier aucune donnée à l'identité d'un utilisateur de l’euro numérique. »