La CFTC (Commodity Futures Trading Commission) est l’un des régulateurs du marché boursier aux États-Unis. Depuis quelque temps, elle s’intéresse davantage à l’impact des cryptomonnaies sur l’économie locale, et appelle les législateurs à mettre en place un cadre réglementaire pour mieux encadrer le secteur.
Toute chose que la commissaire de la CFTC, Christy Goldsmith Romero, a réitérée dans le cadre de l'International Swaps and Derivatives Association’s Crypto Forum 2022, l’un des événements majeurs de la scène crypto aux États-Unis.
Des risques sous-estimés ?
Dans sa présentation, la commissaire Christy Goldsmith Romero a indiqué que les cryptomonnaies présentent un intérêt naturel, et sont de plus en plus adoptées dans le monde et particulièrement aux États-Unis. D’ailleurs, un américain sur cinq possède un portefeuille crypto, et le secteur de la finance traditionnelle s’y met davantage.
Cela devrait être un signal pour le régulateur de hâter le processus de réglementation, a-t-elle déclaré. Elle a ajouté que les cryptomonnaies comportent de grands risques pour l’économie, des risques globalement sous-estimés.
« Un mot devrait guider le rapport du gouvernement fédéral à la crypto, et ce mot est ‘’risque’’. », a-t-elle déclaré. Le risque est devenu plus palpable avec la crise que connaît le secteur depuis le printemps. Elle fait le parallèle avec la crise économique de 2008 pour expliquer le danger en présence, et la nécessité de réglementer le secteur dans l’urgence.
« Il est important que les États-Unis disposent d'un cadre réglementaire doté de garde-fous efficaces pour faire face aux risques de stabilité financière liés aux cryptomonnaies. La capacité du marché à exploiter la promesse de la cryptomonnaie de fournir des services financiers plus inclusifs, moins chers, plus rapides et plus compétitifs, ne doit pas se faire au détriment de la stabilité financière. », a-t-elle ajouté.
Parmi les risques qu’elle a mentionnés, il y a le financement du terrorisme, le blanchiment d'argent, les vols, les transactions illégales sur le dark net, et les fraudes.
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Le rapport avec la crise de 2008
Dans les faits, elle explique que la crise économique de 2008 est née de la prise de risque incontrôlée d'institutions financières fortement interconnectées entre elles, qui ont créé des produits dérivés innovants, largement non réglementés, complexes et opaques.
En conséquence, les régulateurs ont été pris de court par la fragilité du système financier face aux produits financiers non réglementés ou sous-réglementés. La situation a frappé de plein fouet l’économie, entraînant un chômage élevé, la perte d’une bonne partie de la richesse sociale, une crise du logement, la récession économique, etc.
« C’est la même chose qui se passe aujourd’hui avec les marchés crypto non réglementés (…) Nous sommes à nouveau confrontés à des risques émergents pour la stabilité financière avec une classe d'actifs innovante, mais surtout non réglementée (…) Comme en 2008, les interconnexions sont importantes et ont entraîné un risque de contagion. Le marché a perdu confiance en certains acteurs, ce qui a entraîné des ruées et des retraits du soutien financier. Les défauts de paiement ont entraîné des pertes en cascade (…) Les liquidités à court terme se sont taries (…) Des entreprises sont tombées en faillite. »
Par ailleurs, la responsable a reproché aux cryptomonnaies de constituer une menace pour la stabilité du système financier. Elles étaient pourtant censées rompre avec le système financier traditionnel, toute sa fragilité et ses vulnérabilités. Pour cela, la commissaire de la CFTC a exhorté les autorités américaines à prendre la question à bras-le-corps pour élaborer une réglementation solide.
Elle a invité les législateurs à s’inspirer des réformes engagées après la crise de 2008, qui ont fonctionné et permis aux marchés américains « de rester les plus solides et les plus sûrs du monde ».