Alors que le marché crypto s'apprête à franchir un nouveau cap réglementaire, une bataille discrète mais décisive s’engage entre Solana et Ethereum. En ligne de mire : le lancement des tout premiers ETF de staking aux États-Unis. Le PDG de Bitwise, Hunter Horsley, enfonce le clou en affirmant que Solana pourrait bien damer le pion à Ethereum, grâce à une architecture plus favorable aux exigences des fonds cotés. Explications et décryptage des enjeux d’une compétition qui pourrait redessiner les contours de l’investissement institutionnel dans la DeFi.

Solana devance Ethereum sur le plan technique : un avantage structurel ?

Le PDG de Bitwise, Hunter Horsley, a affirmé lors du salon Token2049 à Singapour que Solana disposait d’un avantage clé sur Ethereum dans la course aux ETF de staking : son délai de désengagement, bien plus court. Il a déclaré : « Les ETF doivent pouvoir restituer les actifs très rapidement. C’est un vrai défi », soulignant que les émetteurs doivent garantir une liquidité immédiate pour répondre aux demandes des investisseurs crypto. Là où Ethereum affiche actuellement 34 jours de délai de sortie avec plus de 2 millions d’ETH en attente de retrait, Solana, lui, permet un retrait beaucoup plus rapide, ce qui en fait un candidat naturel pour un ETF opérationnel et réactif.

Ethereum n’est pas sans solutions : Bitwise utilise en Europe un mécanisme de crédit pour maintenir la liquidité de ses produits sur l’ETH, mais ce système est coûteux et contraint par sa capacité. Autre alternative, les tokens de staking liquide comme stETH de Lido permettent une exposition au staking tout en conservant une certaine liquidité, mais impliquent une couche de complexité supplémentaire. Pour Horsley, ces contournements montrent bien que l’architecture native d’Ethereum n’est pas optimale pour les besoins d’un ETF de staking crypto.

Des décisions critiques attendues en octobre par l’industrie crypto

Plusieurs ETF de staking crypto basés sur Ethereum et Solana sont actuellement à l’étude par la SEC, notamment ceux proposés par Bitwise, Fidelity, Grayscale, VanEck, ou encore Franklin Templeton. Tous ont récemment soumis des documents amendés pour inclure des dispositions liées au staking. Deux propositions d’ETF Ethereum de Grayscale ont vu leur décision repoussée à fin octobre, tout comme l’iShares Ethereum Trust de BlackRock, dont l’échéance est fixée au 30 octobre.

Mais l’actualité réglementaire se heurte à un imprévu de taille : la mesure du gouvernement américain, qui limite les capacités opérationnelles des agences fédérales, risquant de suspendre temporairement l’analyse et l’approbation de ces fonds. Alors que 16 produits liés aux cryptos attendent une décision ce mois-ci, cette incertitude administrative jette une ombre sur le calendrier. Si les autorisations devaient être retardées, cela pourrait profiter indirectement à des acteurs comme Solana, perçus comme plus prêts sur le plan opérationnel.

Au-delà de cette fenêtre réglementaire, les implications sont majeures. L’arrivée d’un ETF de staking crypto aux États-Unis représenterait une étape décisive pour l’adoption institutionnelle. Mais le protocole qui obtiendra ce feu vert en premier pourrait capter une part significative des flux entrants. Dans cette course, Solana se positionne désormais comme le cheval à suivre, à condition que la SEC ne retarde pas trop le départ.