Alors que la valorisation boursière d’Apple montre des signes d’essoufflement, l’exécutif de MicroStrategy, Michael Saylor, entre dans l’arène avec une proposition inattendue : intégrer le bitcoin dans la stratégie financière du géant californien. Dans un marché de plus en plus influencé par les actifs numériques, cette idée divise, mais reflète une tendance plus large d’adoption corporate.

Apple dans la tourmente boursière

Depuis janvier 2025, le cours de l’action Apple a reculé de plus de 17 %, malgré un programme de rachat d’actions massivement engagé. En mai dernier, la firme a déposé auprès de la SEC un plan de buyback évalué à 110 milliards de dollars. L’objectif ? Réduire le nombre d’actions en circulation et accroître la valeur pour les actionnaires. Mais selon certains observateurs, cette stratégie patine.

Jim Cramer, analyste financier et animateur bien connu du paysage boursier américain, a résumé l’opinion de nombreux investisseurs dans un post publié le 10 juin sur X : « Le rachat d’Apple ne fonctionne pas actuellement. » Et d’ajouter : « L’entreprise peut soit conserver son argent, soit en utiliser une partie pour intégrer d’autres leviers. Ce n’est pas une honte, c’est un constat. »

Le bitcoin comme levier stratégique selon Saylor

En réaction, Michael Saylor a publié un message concis, mais lourd de sens : « Apple devrait acheter du bitcoin » Le président exécutif de MicroStrategy y voit une opportunité de redonner de la vigueur à une action sous pression, en s’adossant à un actif numérique performant. Un pari audacieux, mais loin d’être isolé.

En 2024, le bitcoin a progressé de plus de 17 %, là où l’action Apple a suivi la trajectoire inverse. Et sur cinq ans, le contraste est encore plus marqué : +1 000 % pour le bitcoin, contre +137 % pour l’action AAPL. Cette performance alimente la conviction de certains acteurs de marché, convaincus que le bitcoin peut devenir un outil stratégique de gestion de trésorerie.

La proposition de Saylor intervient alors que de grandes entreprises accélèrent leurs investissements dans le bitcoin. GameStop a récemment annoncé un achat de 4 710 BTC pour 513 millions de dollars, financé par une levée de fonds via obligations convertibles. Au Japon, la société Metaplanet est devenue début juin le huitième plus grand détenteur corporate de bitcoin, déclenchant une hausse de 12 % de son action. En Europe, The Blockchain Group, basé à Paris, a récemment acquis 1 471 BTC et prévoit de lever 340 millions de dollars pour étoffer encore ses réserves.

Un virage stratégique en question

La suggestion de Michael Saylor remet sur la table une question clé : les géants de la tech doivent-ils adopter le bitcoin comme réserve stratégique ? Apple, avec sa trésorerie abondante et son image d’entreprise innovante, pourrait devenir un catalyseur majeur dans cette dynamique d’adoption.

Toutefois, une telle décision ne serait pas sans conséquences. Volatilité, encadrement réglementaire, perception des investisseurs traditionnels… Autant de paramètres que les directions financières doivent peser avec prudence. Si l’exemple de MicroStrategy montre qu’un pari sur le bitcoin peut renforcer l’image et les performances, il implique aussi une exposition à un marché imprévisible.

L’appel de Saylor pourrait ne pas rester lettre morte. Dans un contexte où les ETF bitcoin attirent à nouveau les capitaux (386 millions de dollars d’entrées nettes le 9 juin), et où la concurrence technologique redéfinit les règles du jeu, Apple pourrait bien se retrouver face à un choix stratégique de première importance.