Alors que les marchés financiers mondiaux cherchent à intégrer de nouveaux types d’actifs, la question de l’inclusion des entreprises détenant massivement des cryptos dans les indices boursiers traditionnels devient brûlante. En réaction à une proposition de MSCI qui pourrait exclure ce type de sociétés des indices mondiaux, Strategy, la plus grande société de trésorerie en bitcoin (BTC), monte au créneau. Ce bras de fer met en lumière des enjeux clés pour l’avenir de la finance numérique. Quels sont les arguments des deux camps ? Et surtout, quelles conséquences cela pourrait-il avoir sur le marché ?

MSCI sous pression : la riposte de Strategy face à l'exclusion des sociétés crypto

Le 11 décembre, la société Strategy a adressé une lettre officielle à MSCI, contestant une politique en cours de révision qui pourrait exclure les entreprises dont plus de 50 % du bilan est constitué d’actifs numériques. Dans son courrier, Strategy dénonce une approche discriminatoire : « Les sociétés de trésorerie crypto sont des entreprises opérationnelles capables d’ajuster activement leur modèle d’affaires », écrit-elle, prenant pour exemple ses propres instruments de crédit adossés au bitcoin.

Strategy déplore également un traitement inéquitable comparé à d'autres secteurs. Elle pointe du doigt les fonds immobiliers, les compagnies pétrolières ou les conglomérats médiatiques, qui, malgré une exposition concentrée à un seul type d’actif, ne sont pas exclus. La lettre insiste : « De nombreuses institutions financières détiennent principalement certains types d’actifs, puis émettent des produits dérivés adossés à ces actifs, comme les RMBS (Residential Mortgage-Backed Securities) ». Cette politique, selon Strategy, va à l’encontre de l’ambition des États-Unis de devenir leader mondial en crypto, ambition affichée lors du mandat de Donald Trump.

Les critiques de MSCI : instabilité, opacité et risques systémiques

Face à ces accusations, MSCI reste ferme. Selon ses analystes, les sociétés comme Strategy s’apparentent davantage à des véhicules d’investissement qu’à des entreprises productrices de biens ou services. MSCI pointe du doigt un manque de méthodologies comptables standardisées pour évaluer les cryptos, ce qui rend difficile une valorisation fiable et risque de fausser les indices.

Un document de la Réserve fédérale vient appuyer cette position, soulignant la volatilité plus élevée des cryptos comparée à celle de l’or, du pétrole ou même des actions traditionnelles. « L’usage courant de l’effet de levier dans le trading crypto accentue cette fragilité », note le rapport. De plus, l’exclusion de ces sociétés pourrait provoquer un effet domino : pour rester éligibles, certaines pourraient être contraintes de liquider leurs positions crypto, générant ainsi une pression vendeuse accrue sur le marché.

Cette décision, attendue pour janvier 2026, pourrait donc redistribuer les cartes dans la structuration des portefeuilles institutionnels et influer sur la liquidité du marché. Elle soulève aussi une question stratégique : si les sociétés crypto ne trouvent plus leur place dans les indices classiques, devront-elles créer leurs propres standards ou indices alternatifs ? Dans un contexte de normalisation réglementaire, le débat autour de leur légitimité boursière est loin d’être clos.