Une statue dédiée au créateur anonyme du bitcoin (BTC), érigée en pleine effervescence crypto, a mystérieusement disparu du cœur de Lugano. Ce vol, qui dépasse le simple vandalisme, soulève des interrogations sur la symbolique de l’anonymat dans l’univers blockchain. Alors que le groupe Satoshigallery promet 0,1 BTC à quiconque fournira des informations menant à sa récupération, cette affaire intrigue autant qu’elle inquiète.
Un vol symbolique en plein cœur de la cité crypto suisse
Une œuvre d’art unique représentant le créateur du bitcoin a été dérobée à Lugano, en Suisse, selon une annonce faite dimanche par le collectif artistique Satoshigallery. Installée dans le Parc Ciani depuis octobre 2023, la statue avait été dévoilée lors du Plan B Forum, un événement annuel consacré à la blockchain, co-organisé par la ville et Tether. « Où est Satoshi ? » a interrogé le groupe sur X (anciennement Twitter), avant d’ajouter : « Vous pouvez voler notre symbole, mais vous ne pourrez jamais voler nos âmes. », une manière de réaffirmer leur engagement malgré ce revers.
Signée de la main de Valentina Picozzi, artiste italienne et militante Bitcoin, l'œuvre avait nécessité 18 mois d’étude et trois mois de fabrication. Réalisée en acier inoxydable 304 et blocs de corten, la statue figurait une silhouette sans visage, assise devant un ordinateur portable. Vue de face ou de dos, la structure disparaissait visuellement, incarnant l’anonymat fondateur du protocole Bitcoin. Le design même de l’œuvre portait en lui le message que « nous sommes tous Satoshi », concept central de la philosophie décentralisée du réseau.
Récompense en bitcoin, précédent artistique et héritage idéologique en jeu
Pour tenter de retrouver la sculpture, Satoshigallery offre une récompense de 0,1 bitcoin, soit plus de 11 000 dollars au taux actuel. Ce geste n’est pas anodin : il vise à mobiliser la communauté mondiale crypto autour de la défense d’un symbole fort. Le maire de Lugano, Michele Foletti, avait salué en 2023 cette statue comme une « incarnation de l’esprit d’innovation numérique de la ville », rappelant l’ambition de Lugano de devenir un hub majeur pour les technologies blockchain.
Ce n’est d’ailleurs pas la première statue érigée en hommage à Satoshi. En 2021, une œuvre en bronze avait été dévoilée à Budapest, avec un visage en miroir destiné à refléter celui du spectateur, renforçant l’idée que n’importe qui pourrait être le fondateur anonyme. L’affaire de Lugano s’inscrit donc dans une tradition artistique et militante qui cherche à incarner physiquement une figure absente, mais omniprésente. Si l'œuvre n’est pas retrouvée, ce vol pourrait remettre en question la sécurité des projets artistiques crypto dans l’espace public, et peut-être ralentir les futures installations prévues dans d'autres villes.
La disparition de cette statue dédiée au créateur du bitcoin ne représente pas seulement une perte matérielle : elle remet en lumière les tensions entre l’anonymat, la communauté et la volonté de reconnaissance. Elle relance aussi un débat récurrent : comment honorer un mythe sans trahir son essence ? Une question à laquelle le monde crypto devra, une fois de plus, répondre collectivement.