Une simple phrase prononcée à la télévision a suffi à faire vaciller le marché du bitcoin. Scott Bessent, secrétaire au Trésor américain, a d’abord affirmé que les États-Unis ne comptaient pas acheter davantage de bitcoin (BTC). Cependant, quelques heures plus tard, changement de cap. La Maison Blanche confirme que le projet d’une réserve stratégique reste bien à l’étude, à condition de rester neutre sur le plan budgétaire. Au cœur de cette confusion, une promesse présidentielle de Donald Trump : Faire des États-Unis une superpuissance du bitcoin.

Une déclaration contradictoire aux effets immédiats

Lors d’une interview sur Fox Business, Scott Bessent a affirmé que le Trésor ne prévoyait pas d’élargir ses avoirs en bitcoin. La réaction des marchés a été immédiate. En moins d’une heure, le prix du BTC est passé de 121 073 $ à 118 886 $, provoquant une évaporation de près de 55 milliards de dollars en capitalisation globale.

Conscient de l’impact de ses propos, le secrétaire au Trésor a tenu à rectifier le tir sur X : le département « poursuit activement l’examen de solutions permettant d’acheter du bitcoin sans creuser le budget fédéral ». Une précision qui s’inscrit dans le cadre du décret présidentiel du 6 mars 2025, lequel formalise la création d’une réserve stratégique de bitcoin financée uniquement à partir d’actifs saisis.

Cette approche repose sur la promesse de Donald Trump de positionner les États-Unis comme leader mondial du bitcoin, sans alourdir le déficit.

Des mécanismes budgétaires complexes pour une promesse présidentielle ambitieuse

Pour concrétiser cette politique dite « budget-neutre », plusieurs mécanismes de financement alternatifs sont actuellement étudiés. Le premier consiste à réévaluer les certificats d’or historiques détenus par la Réserve fédérale, toujours inscrits à une valeur faciale bien inférieure à leur cours actuel. Leur revalorisation comptable pourrait créer un effet de levier suffisant pour couvrir des achats de BTC.

Une autre option envisagée serait l’affectation d’une part des recettes douanières aux achats de crypto-actifs, une piste moins controversée fiscalement mais dépendante de la stabilité des flux commerciaux.

Sur le plan législatif, la BITCOIN Act, portée par la sénatrice Cynthia Lummis, propose un cadre juridique autorisant explicitement ces acquisitions via des ressources extraordinaires. Ce texte renforcerait la base réglementaire du projet, tout en fixant des garde-fous institutionnels.

À ce jour, la réserve stratégique de bitcoin américaine est estimée entre 15 et 20 milliards de dollars, constituée uniquement des cryptomonnaies saisies par le Département de la Justice. Aucun achat sur le marché secondaire n’a encore été confirmé. Malgré les annonces et clarifications successives, plusieurs acteurs du marché restent sceptiques. Sans feuille de route concrète ni calendrier d’exécution, les déclarations politiques sont perçues comme des signaux faibles, sans traduction immédiate en actes, selon plusieurs analystes.