Pourquoi l'interopérabilité est la clé de l'adoption massive de la technologie blockchain

Chaque année, nous voyons de nouveaux réseaux blockchain se développer pour s'attaquer à des niches spécifiques au sein de certaines industries, chaque blockchain ayant des fonctions spécialisées en fonction de son objectif. Par exemple, les solutions de mise à l'échelle de couche 2 comme Polygon sont construites pour avoir des frais de transaction ultra-faibles et des temps de règlement rapides.

L'augmentation du nombre de nouveaux réseaux blockchain est également le résultat de la reconnaissance du fait qu'il n'existe pas de solution parfaite capable de répondre à tous les besoins associés à la technologie blockchain en même temps. Par conséquent, à mesure que les organisations prennent conscience de cette technologie montante et de ses capacités, l'interconnexion de ces blockchains uniques devient nécessaire.

Qu'est-ce que l'interopérabilité ?

L'interopérabilité des blockchains fait référence à une grande variété de méthodes qui permettent à de nombreuses blockchains de communiquer, de partager des actifs et des données numériques et de travailler ensemble plus efficacement. Il est ainsi possible pour un réseau de blockchain de partager son activité économique avec un autre. Par exemple, l'interopérabilité permet de transmettre des données et des actifs entre différents réseaux blockchain via des ponts cross-chain décentralisés.

L'interopérabilité n'est pas quelque chose que la plupart des blockchains ont parce que chaque blockchain est construite avec des normes et des codes de base différents. Comme la plupart des blockchains sont naturellement incompatibles, toutes les transactions doivent être effectuées au sein d'une seule blockchain, quel que soit le nombre de fonctionnalités de celle-ci.

Marcel Harmann, fondateur et PDG de THORWallet DEX - un portefeuille de finance décentralisée (DeFi) non dépositaire - a déclaré à Cointelegraph : « L'interopérabilité peut être comprise comme la liberté dans l'échange de données. Actuellement, les protocoles de la couche de base ne peuvent pas communiquer entre eux de manière efficace. Les protocoles de couche 1 comme Ethereum ou Cosmos ont des smarts contracts intégrés dans leur structure, permettant uniquement un échange de données sécurisé au sein de leurs propres écosystèmes. Les transferts d'actifs numériques qui quittent le réseau posent une question : Comment une blockchain peut-elle faire confiance à la validité de l'état d'une autre blockchain ? ».

Harmann poursuit : « Les mécanismes de consensus sur chaque blockchain décident de l'historique canonique de toutes les transactions qui ont été validées. Cela produit des fichiers extrêmement volumineux qui doivent être traités avec chaque bloc et ne peuvent être consultés que dans le langage spécifique natif de la blockchain. L'interopérabilité entre deux ou plusieurs blockchains fait référence à une ou deux blockchains capables de comprendre et de traiter l'historique de l'autre, permettant ainsi, par exemple, l'échange d'actifs entre différents réseaux de couche 1 ».

Même s'il semble évident que les projets de blockchain publics devraient être conçus en tenant compte de l'interopérabilité dès le départ, ce n'est pas toujours le cas. Cependant, les organisations réclament de plus en plus l'interopérabilité en raison des avantages du partage des informations et de la collaboration.

Pourquoi l'interopérabilité est-elle importante ?

Pour réaliser le plein potentiel de la décentralisation, il est bénéfique que les personnes participant à plusieurs blockchains soient reliées par un protocole unique. Cela réduit les frictions pour l'utilisateur puisqu'il peut accéder à différentes applications décentralisées (DApps) sans avoir à changer de réseau.

Comme les blockchains fonctionnent indépendamment les unes des autres, il est difficile pour les utilisateurs de profiter des avantages présentés par chaque réseau. Pour ce faire, ils doivent détenir des tokens pris en charge par chaque blockchain pour s'engager dans les protocoles de leur réseau.

L'interopérabilité peut résoudre ce problème en permettant aux utilisateurs d'utiliser un token sur plusieurs blockchains. En outre, en permettant aux blockchains de communiquer entre elles, un utilisateur peut accéder plus facilement aux protocoles de plusieurs blockchains. De ce fait, il y a plus de chances que la valeur de l'industrie continue de croître.

Fabrice Cheng, cofondateur et PDG de Quadrata - un réseau de passeport Web3 - a déclaré à Cointelegraph :

« L'interopérabilité est cruciale car c'est l'un des principaux avantages de la technologie blockchain. La technologie open-source décentralisée permet la création de produits interopérables entre les blockchains, ce qui permet à davantage d'utilisateurs, d'entreprises et d'institutions de rester interconnectés ».

Cheng poursuit : « Les personnes qui utilisent la technologie blockchain veulent s'assurer que les gens sont filtrés, vérifiés par la procédure KYC et ont un bon comportement en matière de crédit. Les utilisateurs de la DeFi peuvent accéder à des options de trading ou avoir accès à des flux de prix en temps réel. L'interopérabilité est un moyen efficace de supprimer les intermédiaires pour les utilisateurs et permet aux entreprises de se concentrer sur leurs valeurs fondamentales ».

En ce qui concerne la finance décentralisée, donner aux traders plus de moyens d'utiliser leurs actifs peut apporter une croissance et des opportunités supplémentaires au secteur. Par exemple, le yield farming multichain permet aux investisseurs de générer des rendements multiples sous forme de revenus passifs sur de nombreuses blockchains pour la possession d'un seul actif.

L'investisseur n'aurait qu'à détenir des bitcoins (BTC) ou un stablecoin comme l'USD Coin (USDC), puis à les répartir entre plusieurs protocoles sur différentes blockchains via des ponts. L'interopérabilité améliorera également la liquidité sur plusieurs réseaux de blockchains puisqu'il sera plus facile pour les utilisateurs de déplacer leurs fonds sur différentes blockchains.

L'interopérabilité ne fait pas seulement référence à la connectivité entre les blockchains. Les protocoles et les smart contracts sont également interopérables. Par exemple, t3rn, une plateforme d'hébergement de smart contracts, permet aux smart contracts de fonctionner sur plusieurs blockchains. Le smart contract est hébergé sur la plateforme de smart contracts et peut être déployé et exécuté sur différents réseaux de blockchains. Les smart contracts interopérables permettent aux développeurs de créer plus facilement des applications cross-chain et aux utilisateurs d'effectuer des transferts cross-chain.

Les smart contracts interopérables permettront aux utilisateurs d'accéder plus facilement à plusieurs applications décentralisées puisqu'ils n'auront pas à changer de réseau. Par exemple, supposons qu'un utilisateur utilise une DApp sur Ethereum et souhaite accéder à un protocole de prêt sur Polkadot. Si l'application décentralisée basée sur Polkadot dispose d'un smart contract interopérable, il peut y accéder sur Ethereum.

Les oracles sont un autre protocole qui peut bénéficier de l'interopérabilité. Les oracles sont des entités qui connectent des données du monde réel à la blockchain via des smart contracts. Les plateformes d'oracles décentralisées comme QED peuvent connecter des oracles à plusieurs réseaux de blockchains, ce qui permet de partager des données du monde réel sur plusieurs blockchains. En outre, les oracles peuvent prendre des données à partir d'une API ou d'un capteur et les soumettre à un smart contract pour qu'il s'active une fois que certaines conditions ont été remplies.

Par exemple, une chaîne d'approvisionnement compte plusieurs organisations qui utilisent différents réseaux de blockchains. Lorsqu'un composant de la chaîne d'approvisionnement atteint sa destination, l'oracle peut soumettre au smart contract des données confirmant sa livraison. Une fois la livraison confirmée par un oracle, le smart contract libère un paiement. Comme l'oracle est lié à plusieurs blockchains, chaque fournisseur peut utiliser le réseau de son choix.

L'interopérabilité est également importante pour l'échange d'actifs numériques entre les réseaux de blockchains. L'un des moyens les plus courants d'y parvenir est l'utilisation de ponts cross-chain. En termes simples, les ponts cross-chain permettent aux utilisateurs de transférer des tokens d'une blockchain à une autre.

Les Wrapped tokens , par exemple, permettent aux utilisateurs d'utiliser le bitcoin (BTC) sur le réseau Ethereum en tant que Wrapped Bitcoin (wBTC). Cet aspect est important dans le secteur de la DeFi, car les utilisateurs peuvent s'engager avec la DeFi sans acheter le token natif d'une plateforme, qui peut être plus volatil que les stablecoins ou les blue chips comme le BTC ou l'Ether (ETH).

La possibilité de déplacer facilement des actifs entre les réseaux de blockchain est un avantage majeur de l'interopérabilité. Anthony Georgiades, cofondateur du réseau Pastel - un token non fongible (NFT) et un projet d'infrastructure et de sécurité Web3 - a déclaré à Cointelegraph :

« L'interopérabilité est d'une importance vitale pour l'industrie de la blockchain en raison de la diversité des données et des actifs que l'on trouve dans l'écosystème crypto. Des passerelles cross-chain décentralisées sont nécessaires pour faciliter les transferts entre différents types de tokens ou d'actifs ».

La clé du succès de la technologie blockchain sera le niveau d'interaction et d'intégration entre les nombreux réseaux blockchain. Pour cette raison, l'interopérabilité entre les blockchains est cruciale car elle réduit la barrière à l'entrée pour les utilisateurs qui veulent s'engager avec des protocoles sur plusieurs réseaux.

L'interopérabilité entre les blockchains améliorera la productivité de l'ensemble du secteur crypto. Les utilisateurs peuvent rapidement déplacer des données et des actifs entre les blockchains, ce qui augmente la flexibilité pour toutes les personnes concernées. Au lieu d'être liés à une seule blockchain, les smart contracts peuvent fonctionner sur plusieurs réseaux et les oracles soumettront des données du monde réel sur différentes plateformes. Associée aux avantages des blockchains publiques décentralisées, l'interopérabilité devrait constituer la base d'une adoption et d'une utilisation généralisées des blockchains.

M. Georgiades poursuit : « Par conséquent, l'interopérabilité permet aux utilisateurs de transmettre des cryptomonnaies d'une blockchain à une autre et permet aux utilisateurs de déposer des tokens ou des NFT en garantie d'autres actifs. Un monde Web3 interopérable est une vision à laquelle nous travaillons sans relâche. Un écosystème multichain facilité par des ponts cross-chain transparents nous permettra d'y parvenir et de concrétiser cette vision ».