Un nouveau système financier, un secteur financier plus démocratisé, voire plus inclusif, l'avenir de l'internet - l'écosystème crypto a été décrit comme étant tout cela à la fois. Cependant, comme le prouve la corrélation inhérente des actifs numériques avec le Nasdaq 100, la plupart des gens ne parviennent pas à conceptualiser la blockchain comme autre chose qu'une extension de l'économie technologique traditionnelle. Si les partisans de la blockchain en louent les vertus et le potentiel, ils n'ont pas été en mesure de présenter un argumentaire complet en faveur de la blockchain au grand public.

De nombreux adeptes de la cryptomonnaie anticipent le « découplage », c'est-à-dire le moment où les actifs numériques deviendront financièrement indépendants des actions technologiques traditionnelles. Cependant, sans un plan d'action clair sur la façon de différencier la technologie crypto décentralisée, l'indépendance de l'industrie ne sera pas réalisée. Ceux d'entre nous qui croient en la promesse à long terme de la technologie blockchain doivent repenser complètement la façon de présenter la blockchain à la société en général.

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Qu'est-ce que le « découplage » ?

Le livre blanc sur le bitcoin (BTC) - publié il y a 14 ans - affichait, en son cœur, l'ambition de construire un monde de paiements décentralisés sans permission. À ce jour, cet objectif a été partiellement atteint grâce à des développements tels que l'adoption nationale du bitcoin par le Salvador.

Cependant, l'écosystème des cryptomonnaies n'a pas supplanté la finance traditionnelle. En fait, il s'y est intégré. Allumez CNBC et vous entendrez parler de la dernière institution traditionnelle qui entre dans l'espace crypto, et vous verrez des graphiques minute par minute de la fluctuation des prix des cryptomonnaies à côté des modèles des marchés boursiers traditionnels. Vous n'entendrez probablement aucun commentateur de blockchain ou leader de l'industrie parler de l'amélioration des transactions financières, de l'élimination des institutions bancaires tierces ou de tout autre élément déterminant de l'éthique originale des cryptomonnaies.

Le résultat de ce vaste changement d'objectif et de perception est que la crypto - bien qu'elle ait été créée pour réduire la dépendance à l'égard de la finance traditionnelle - croît et décroît avec les mouvements et les comportements de l'économie traditionnelle. À l'évidence, les mémorandums de réunion de la Fed et les appels sur les bénéfices trimestriels d'Amazon ont, à l'heure actuelle, une influence bien plus grande sur l'écosystème crypto que tout ce qui a été exposé dans le livre blanc de Satoshi Nakamoto.

Si la cryptomonnaie ne peut pas être financièrement indépendante de l'industrie financière et technique qu'elle cherche à remplacer, à quoi sert-elle ? Le découplage n'est pas un luxe pour l'industrie - c'est une étape nécessaire pour la survie de l'industrie.

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Comment découpler les cryptomonnaies ?

La communauté au sens large doit reconnaître deux choses. Premièrement, on ne peut pas souhaiter l'avènement d'une nouvelle réalité financière ; le découplage ne se produira pas simplement parce que nous le souhaitons. Deuxièmement, on dit que la folie consiste à faire la même chose encore et encore en s'attendant à des résultats différents. Les récits qui ont construit la crypto à son statut actuel ont atteint les limites de leur influence ; l'adhésion continue à la même stratégie ne fera que perpétuer la stagnation.

Pour un découplage complet, je propose trois grandes étapes :

  • nous, dans la communauté crypto, rendons la technologie blockchain et les récits plus accessibles ;
  • nous nous focalisons sur des cas d'utilisation avec des effets tangibles dans le monde réel ; et
  • nous mettons l'accent sur la juxtaposition claire entre la crypto et ses alternatives.

Une technologie blockchain et des récits plus accessibles

Le jargon est l'antithèse de l'accessibilité. Un langage techniquement complexe peut être un pilier dans les cercles informatiques mais, pour la majorité de la population, des termes tels que zero-knowledge proofs et protocole d'interopérabilité de couche 2 pourraient aussi bien être du latin. Ironiquement, pour que la blockchain se dissocie de la technologie, l'expérience de son utilisation doit ressembler davantage à celle de Meta.

On peut dire ce qu'on veut de Facebook et de ses produits dérivés, mais on ne peut nier qu'ils sont devenus à la fois indispensables pour les adolescents et addictifs pour les grands-parents - pour que la cryptomonnaie soutienne une croissance à long terme, elle doit imiter ce modèle construit autour de l'accessibilité. Les personnes qui utilisent Facebook ne sont pas obligées de comprendre les subtilités de ses algorithmes de base. Il suffit de taper et de faire défiler. Tel doit être le niveau d'intuition requis pour interagir avec la crypto. Les cryptomonnaies ne peuvent pas être réservées aux seuls informaticiens ; elles doivent s'imposer dans toute la société.

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Cas d'utilisation ayant des effets tangibles dans le monde réel

La communauté crypto doit décider si la blockchain est un outil polyvalent ou un maître de certains métiers. Si beaucoup présentent la blockchain comme une technologie universelle capable de transformer des secteurs entiers, rien ne prouve que la blockchain soit à elle seule une solution miracle à tous nos maux modernes. Au moins à court terme, il est préférable de se concentrer sur la création d'un changement transformationnel réel dans quelques secteurs clés plutôt que de poursuivre une multitude d'applications théoriques, mais non réalisées.

Les cas d'utilisation présentant un potentiel maximal sont ceux qui sont au centre du livre blanc de Nakamoto - ceux qui sont les plus fondamentaux pour les amateurs de cryptomonnaies : un système monétaire à l'abri des interférences gouvernementales, un système financier transfrontalier accessible à 99 % de la population et un nouveau mécanisme de propriété capable de donner aux gens la propriété de l'infrastructure financière. Le reste n'est que du bruit.

Comment juxtaposer la blockchain à ses alternatives ?

La raison pour laquelle je me suis lancé dans la crypto est simple : elle possède un potentiel inégalé pour améliorer des aspects spécifiques, mais essentiels, de notre système financier. La vision exposée par le livre blanc de Nakamoto - forgée au milieu d'une crise financière sans précédent - dressait le portrait d'une société économiquement autonome. Alors que l'avidité des grandes banques créait le chaos financier, Nakamoto a décrit un monde où les gens seraient, en fait, leurs propres banquiers. Grâce à la nouvelle technologie blockchain, les transferts transfrontaliers pourraient devenir totalement transparents. La confidentialité financière pourrait protéger l'épargne des personnes vulnérables des grandes entreprises et des gouvernements autocratiques. L'offre intrinsèquement limitée de cryptomonnaies pourrait protéger contre les politiques inflationnistes économiquement corrosives.

 

Ces principes fondamentaux sont au cœur des origines de la blockchain et sont nécessaires pour assurer son avenir. Nous voyons déjà ces principes en action. Au Salvador, l'institutionnalisation du bitcoin permet aux travailleurs migrants d'envoyer et de recevoir des fonds sans frais de transfert onéreux. En Ukraine, nous avons vu des dons humanitaires affluer dans le pays via la blockchain plus rapidement que l'aide officielle de l'État. Bien que l'histoire de la crypto soit loin d'être parfaite, ce type de cas d'utilisation nous rappelle continuellement comment la crypto peut augmenter le pouvoir économique des personnes historiquement défavorisées.

Rome ne s'est pas construite en un jour ; la blockchain est encore une industrie naissante qui entre à peine dans l'adolescence. Elle a le temps de réaliser son potentiel. Cependant, l'incapacité à promouvoir efficacement ses mérites fondamentaux signifiera un « couplage » continu avec les industries du statu quo. Sans découplage, l'éthique fondatrice de la crypto sera noyée dans la volatilité des technologies, la géopolitique et les interminables commentaires tièdes des têtes parlantes de CNBC.

Pour sauver la crypto de ce destin, nous devons redoubler d'efforts sur ce qui l'a rendue révolutionnaire en premier lieu.

Cet article ne contient pas de conseils ou de recommandations d'investissement. Tout investissement et toute opération de trading comporte des risques, et les lecteurs doivent effectuer leurs propres recherches avant de prendre une décision.

Les points de vue, réflexions et opinions exprimés ici n'engagent que l'auteur et ne reflètent pas nécessairement les points de vue et opinions de Cointelegraph.

Dennis Jarvis est un dirigeant accompli, passionné par la constitution d'équipes de haut niveau et par la promotion de la liberté économique par l'adoption des cryptomonnaies. Il apporte des années d'expérience provenant de ses précédents rôles de gestion à l'échelle mondiale chez Apple et Rakuten, ainsi que de la startup blockchain Orb. Dennis a rejoint Bitcoin.com en 2018 en tant que chef des produits, et est devenu PDG de Bitcoin.com en 2020.