Alors que l’industrie crypto oscille entre innovations technologiques et batailles réglementaires, une nouvelle tendance se profile à l’horizon : la régulation des stablecoins. Souvent perçus comme des instruments de stabilité dans un écosystème volatil, ces actifs numériques pourraient devenir le levier de croissance tant attendu. Explications.
La régulation des stablecoins comme catalyseur de l’industrie crypto
Lors d’un entretien accordé à Cointelegraph, Ash Pampati, figure de proue de l’Aptos Foundation, a souligné avec conviction que la régulation des stablecoins est le prochain catalyseur pour l’industrie crypto. Selon lui, cette dynamique pourrait susciter une « appétence incroyable de la part des investisseurs institutionnels, en particulier grâce aux nouveaux cas d’usage permis par les stablecoins. Il évoque notamment la capacité de ces actifs à fonctionner au-delà des frontières et à rendre le dollar « efficace en onchain ». Une situation que nombre de pays en dehors des États-Unis ont déjà intégrée, alors que l’Amérique, dit-il, « est à la porte ».
Ce potentiel transfrontalier est crucial, notamment pour les économies en développement. Pampati illustre cette utilité concrète en déclarant : « Si vous essayez d’envoyer de l’argent à un ami au Nigeria, pourquoi devez-vous passer par une multitude d’obstacles ? » Les stablecoins, grâce à leur faible coût et leur rapidité, offrent une alternative aux transferts bancaires classiques, jugés lourds et coûteux. Ils permettent également de se prémunir contre la dévaluation des monnaies locales, un fléau courant dans de nombreux pays émergents.
L’adoption institutionnelle et les signaux d’infrastructure
Au-delà des aspects techniques et géopolitiques, l’évolution vers une adoption plus large des stablecoins se matérialise déjà dans les chiffres. Un rapport de Fireblocks révèle que 86 % des entreprises interrogées disposent d’une « infrastructure prête » pour intégrer les stablecoins à leurs opérations, tandis que 75 % d’entre elles identifient une demande client claire. Ces données indiquent que le marché crypto n’attend plus qu’un cadre réglementaire stable pour se lancer pleinement.
C’est là que le rôle des régulateurs devient déterminant. Selon le même rapport, la confiance dans les stablecoins s’est renforcée, non seulement grâce aux avancées technologiques, mais aussi grâce à la baisse des barrières réglementaires. Plusieurs juridictions ont d’ailleurs pris des mesures concrètes : le règlement MiCA dans l’Union européenne, des lois spécifiques aux Émirats arabes unis ou encore le GENIUS Act aux États-Unis, qui pourrait connaître un second souffle après l’échec du vote du 8 mai.
En conclusion, si les bases techniques et l’adhésion du public semblent solidement établies, l’élan institutionnel dépendra de la clarté et de l’harmonisation des régulations à l’échelle mondiale. L’Europe donne le ton, les pays émergents adoptent déjà les usages, et les États-Unis restent à la croisée des chemins. Le marché crypto, lui, est prêt.