Selon un rapport de la plateforme de données blockchain Chainalysis, les dons en cryptomonnaies aux groupes extrémistes ont baissé à l'échelle mondiale, mais connaissent une hausse en Europe.
Ce rapport, partagé avec Cointelegraph, révèle qu’avant 2017, la majorité des dons provenaient d’Amérique du Nord. Depuis cette période, l’Europe capte progressivement une part importante de ces flux financiers. Entre 2022 et 2024, près de 50 % des activités en cryptomonnaies des groupes extrémistes ont été enregistrées en Europe.
Non seulement les dons en cryptomonnaies à ces groupes augmentent en Europe, mais les montants versés et l’intensité des donateurs progressent également. Entre 2023 et 2024, au moins cinq types de groupes extrémistes ont vu la taille de leurs dépôts croître d’année en année : nationalistes blancs (+270 %), nationalistes (+164 %), conspirationnistes (+70 %), anarchistes (+35 %) et antisémites (+22 %), selon le rapport.
L'Europe a connu une hausse de l'activité onchain liée aux groupes extrémistes depuis 2022. Source : Chainalysis
Les événements fortement polarisants, tels que les élections nationales, attirent davantage de dons. Ces périodes de tensions engendrent souvent une augmentation significative des fonds collectés par des groupes promouvant des idéologies radicales.
Malgré la hausse des dons en Europe, l'Amérique du Nord reste en tête, avec un total de 20 millions de dollars donnés à ces groupes. L’Europe arrive en deuxième position avec 1,9 million de dollars, suivie par l’Océanie avec 319 000 dollars, tandis que des régions non spécifiées totalisent 162 000 dollars de dons.
Défis et solutions pour les groupes extrémistes
Le rapport souligne que les groupes extrémistes font face à des obstacles juridiques et financiers. Par exemple, les lois sur le financement anti-terroriste, comme celles de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) aux États-Unis et d’autres entités similaires dans le monde, obligent les exchanges crypto à bloquer ou signaler toute activité liée au terrorisme.
Certaines plateformes ont enfreint ces réglementations et ont subi des amendes importantes. En novembre 2023, le gouvernement américain a infligé une amende de 4,3 milliards de dollars à Binance pour non-respect des lois anti-blanchiment (AML). Binance aurait omis de signaler des transactions suspectes, ultérieurement associées à diverses organisations terroristes.
Malgré ces contraintes, les groupes extrémistes innovent dans leurs méthodes de financement. Souvent chassés de l’internet classique, ils se tournent vers le dark web pour poursuivre leurs activités. Certains retirent les adresses de dons en crypto des espaces publics, préférant les communiquer directement à leurs sympathisants. D'autres privilégient l'utilisation de cryptomonnaies anonymes, comme le Monero (XMR).
Pour lever plus de fonds, les groupes extrémistes croisent souvent leurs idéologies — les fusionnant essentiellement. En combinant différents mouvements extrémistes et en focalisant leurs partisans sur un ennemi commun, ils parviennent à attirer plus de financements.
Y a-t-il un lien entre le debanking des groupes extrémistes et les cryptomonnaies ?
L'un des sujets les plus controversés concernant ces groupes est le « debanking », c'est-à-dire la fermeture des comptes bancaires associés à des individus et à des organisations à haut risque. La controverse porte parfois sur la pratique elle-même, car elle va à l'encontre de principes tels que la liberté, mais aussi sur les personnes et les organisations désignées comme « à haut risque », ce qui peut dépendre du climat politique.
Comme l'indique le rapport de Chainalysis, de nombreux groupes qui ont déjà été débancarisés peuvent chercher d'autres méthodes de financement, notamment les cryptomonnaies. Les groupes extrémistes, en dehors du système bancaire traditionnel, utilisent les cryptomonnaies comme moyen d'éviter les sanctions et de continuer à financer leurs activités.