La régulation des cryptomonnaies aux États-Unis pourrait connaître un tournant stratégique majeur. Alors que l'administration Trump cherche à nommer un nouveau président à la tête de la CFTC, le nom de Brian Quintenz, pourtant pressenti et auditionné, semble perdre de sa force. En toile de fond : des tensions politiques, des jeux d’influence et un lobbying crypto de plus en plus visible. Voici pourquoi cette nomination pourrait tout changer pour l’écosystème.

Le duel au sommet : Brian Quintenz en perte de vitesse

Alors que Brian Quintenz, ancien membre de la CFTC, avait été officiellement proposé par Donald Trump en février, son parcours semblait tout tracé jusqu'à son audition au Sénat en juin. Mais à la surprise générale, la Maison Blanche a subitement demandé le report de sa nomination sans fournir d'explication officielle. Selon Semafor, plusieurs noms émergent pour le remplacer, notamment Josh Sterling, ancien directeur de la division des participants de marché de la CFTC, désormais associé chez Milbank.

Sterling n’est pas le seul dans la course. Mike Selig, actuel conseiller juridique de la task force crypto de la SEC, ainsi que Tyler Williams, proche conseiller au Trésor et ancien responsable de la politique chez Galaxy Digital, sont également cités. Le départ en septembre de la commissaire Kristin Johnson a laissé l'agence dirigée uniquement par la présidente par intérim Caroline Pham, rendant l’urgence d’une nomination stable encore plus pressante.

Les frères Winklevoss en embuscade : un lobbying crypto assumé

L’influence croissante des jumeaux Winklevoss pourrait bien avoir perturbé la nomination de Quintenz. Les cofondateurs de Gemini auraient fait pression pour bloquer son passage devant le Sénat. En août, ils ont versé 21 millions de dollars en bitcoin (BTC) à un comité pro-Trump, après une première donation de 2 millions de dollars durant la campagne de 2024. Ils étaient également présents à la signature de la loi GENIUS sur les stablecoins en juillet, confirmant leur proximité avec l'administration.

Le 10 septembre, Quintenz lui-même a publié des échanges de SMS avec les frères Winklevoss, laissant entendre que ces derniers exigeaient des garanties sur la politique d'application de la CFTC s'il venait à être confirmé. Dans une lettre adressée le 12 septembre, Josh Sterling a par ailleurs critiqué sévèrement la direction actuelle de l’agence, dénonçant « abus, mauvaise gestion et gaspillage ». Il estime que l’absence de leadership stable pourrait faire courir un risque systémique aux marchés financiers américains.

Si la nomination de Quintenz reste suspendue, les choix finaux de Trump auront des conséquences directes sur la régulation crypto aux États-Unis. Entre guerre d’influence, enjeux financiers et vide institutionnel, cette séquence illustre combien la politique crypto américaine est désormais traversée par des intérêts puissants et antagonistes.