Avec l’apparition et le développement des actifs numériques, les banques centrales pourraient devenir obsolètes. Pour ne pas se laisser dépasser, elles travaillent à développer leurs propres monnaies numériques. Un projet vu d’un mauvais œil par les idéologues de la cryptomonnaie, qui rêvent d’un monde dépourvu de la surveillance et de la coercition des banques centrales.
La crypto : Pourquoi pas, mais pas sans les CBDC !
Christine Lagarde, directrice générale de la Banque centrale européenne (BCE), a récemment déclaré qu’elle s’oppose à la création d’un système financier qui écarte les banques centrales. Cette déclaration a été faite lors d’un panel en ligne, organisé par la Banque de France, qui vient de s’achever. Les discussions tournaient autour des questions liées à l’adoption des monnaies numériques des banques centrales (CBDC) et au secteur de la finance décentralisé (DeFi).
Selon Christine Lagarde, les CBDC sont nécessaires pour maintenir le rôle tampon des banques centrales dans l’économie mondiale. Elle a rappelé des périodes historiques où la Banque centrale n'était pas impliquée dans les révolutions financières. D’après elle, tout ce qui a été fait sans les banques centrales a précipité l’économie dans la crise. Cela justifie, poursuit-elle, la nécessité de l’adoption des CBDC dans la nouvelle dynamique financière.
27/09/22
— Relais Infos (@Olivier40121476) September 28, 2022
Finance
Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale Européenne, explique pourquoi la CBDC (une monnaie numérique centralisée) est importante pour eux
Lagarde:
« Nous les banquiers centraux, où se situe t’on ?
Nous avons opéré en tant que base monétaire, en pic.twitter.com/WlzKD5W2R5
« Je n’aimerais pas voir une nouvelle période de free banking due aux cryptomonnaies (…) L’évolution des cryptomonnaies a été très rapide (…) Elles ont d'abord été un engouement culturel poussé par les libertaires et promu par Satoshi Nakamoto, avant de devenir un outil largement accepté par des sociétés telles que PayPal, Mastercard et Visa. Toutefois, cette technologie énigmatique a un côté sombre. Elle a été utilisée de manière abusive par des acteurs impliqués dans le fiasco de Terra/Luna, en particulier le PDG de TFL, Do Kwon, qui fuit actuellement les autorités, ce qui justifie une réglementation. », a-t-elle indiqué, avant de dire que l’introduction des CBDC sera un excellent début de réglementation.
L’avenir de la Banque centrale serait-il en jeu ?
Par ailleurs, elle a justifié le besoin de réglementation des cryptomonnaies par la rapidité d’adoption des actifs numériques. Elle a aussi évoqué la pression exercée par les cryptomonnaies sur l'introduction de moyens de paiement numériques plus innovants. Lagarde a cité l’exemple de pays comme la Suède et l’Autriche, qui ont supprimé les paiements en espèces au-delà de 10 000 euros.
Pour elle, en fonction du fait que l'argent numérique sera davantage important dans de nombreux pays occidentaux, la banque centrale doit pouvoir continuer à jouer son rôle de point d'ancrage monétaire.
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« Nous représentons les banquiers, nous avons fonctionné sur un ancrage monétaire en relation avec les banques commerciales et l'argent privé. Si nous ne sommes pas dans la nouvelle configuration, si nous ne sommes pas impliqués dans les CBDC, nous risquons de perdre ce rôle d’ancrage que nous avons joué pendant de nombreuses décennies. Nous avons des exemples historiques de périodes où l'ancre monétaire de la banque centrale n'était pas là, et cela a précipité les crises qui se sont enchaînées. », a-t-elle conclu.