Le financement du terrorisme via les cryptomonnaies est un sujet brûlant qui met en lumière les défis de la régulation du secteur. Le département de la Justice des États-Unis (DOJ) vient d'annoncer la saisie de 201 400 dollars en cryptos, prétendument liés au groupe militant Hamas. Cet événement relance le débat sur l’utilisation des actifs numériques dans des activités illicites et interroge sur la nécessité d’un cadre réglementaire plus strict.

Un système de blanchiment de capitaux ayant traité plus de 1,5 million de dollars

Le département de la Justice des États-Unis a déclaré avoir confisqué plus de 201 400 dollars en cryptomonnaies, répartis dans 17 portefeuilles liés à des adresses de collecte de fonds prétendument contrôlées par le Hamas. Selon le communiqué officiel, ces fonds faisaient partie d'un système de blanchiment de capitaux ayant traité plus de 1,5 million de dollars en actifs crypto depuis octobre 2024. Les transactions auraient impliqué des plateformes d’échange et des courtiers over-the-counter (OTC) pour masquer l'origine et la destination des fonds.

L'enquête s'inscrit dans un contexte de sanctions renforcées contre les réseaux financiers liés au Hamas. En janvier 2024, l’Office of Foreign Assets Control(OFAC), en coordination avec des institutions britanniques et australiennes, avait déjà imposé des sanctions ciblées contre des facilitateurs de ces transactions crypto. Ces mesures faisaient suite aux premières sanctions décrétées en octobre 2023.

Un signal fort pour l’industrie crypto et la régulation en débat

Cette affaire intervient dans un climat de méfiance accrue envers les cryptos en raison de leur utilisation potentielle par des organisations terroristes. Un rapport du Congressional Research Service de décembre 2024 affirme que le Hamas sollicite des dons en cryptos depuis 2019, bien que l’ampleur réelle de ces financements reste floue.

Par ailleurs, la plateforme Binance a été mise en cause dans une plainte déposée par trois familles de victimes des attaques du Hamas en Israël. Elles accusent l’exchange crypto et son ex-PDG Changpeng Zhao d’avoir fourni une assistance substantielle à des groupes terroristes. Binance, qui a conclu un accord avec le DOJ de 4,3 milliards de dollars en novembre 2023 pour régler des accusations de non-conformité à la lutte anti-blanchiment, a nié tout lien direct avec le Hamas.

Avec cette saisie, les États-Unis envoient un message fort : les cryptomonnaies ne sont pas un refuge sûr pour les criminels. Mais cette affaire relance aussi le débat sur le rôle des exchanges et des régulations dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Entre nécessité de protection et préservation des principes de confidentialité de la blockchain, le dilemme reste entier. L’industrie crypto doit-elle s’attendre à une nouvelle vague de restrictions ? Affaire à suivre.