« Jamais dans ma carrière je n'ai vu un tel échec complet des contrôles d'entreprise et une telle absence totale d'informations financières fiables. », a déclaré le nouveau PDG de FTX, John Ray III, dans un document juridique déposé jeudi. « De l'intégrité compromise des systèmes et de la surveillance réglementaire défectueuse à l'étranger, à la concentration du contrôle entre les mains d'un très petit groupe d'individus inexpérimentés, peu avertis et potentiellement compromis, cette situation est sans précédent. »

Ray, qui a supervisé la faillite d'Enron en 2001, a pris le poste de PDG peu après la démission du fondateur Sam Bankman-Fried ( qui aurait tenté de fuir en Argentine, bien qu'il le nie). Il a tout à fait raison de dire que FTX a sombré à cause d'un échec total des contrôles de l'entreprise, mais en réalité, la situation est loin d'être sans précédent.

Et à moins que l'ensemble du secteur ne se ressaisisse, cela continuera à se produire.

C'est pourquoi l'effondrement de l'exchange pourrait en fait s'avérer bénéfique pour la crypto à long terme : même si, pour l'instant, il semble que cela ne contribue qu'à ternir sa réputation, la saga FTX qui se déroule sous nos yeux désolés est une chance de renverser la situation avant qu'il ne soit trop tard, c'est-à-dire avant que la cupidité, la négligence et les malversations des entreprises ne mettent toute l'industrie à genoux.

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En fait, les cas comme celui de FTX sont une bombe à retardement qui attend d'exploser, et plus on ne les contrôle pas, plus les dommages qu'ils peuvent causer deviennent importants. Il suffit pour s'en convaincre de regarder l'ampleur de la tromperie en jeu et de la mettre en relation avec la valorisation de la société qui, en février dernier, s'élevait à 32 milliards de dollars, soit plus que le Nasdaq, le Crédit Suisse et Robinhood. Sur ce montant, la fortune personnelle de Bankman-Fried s'élevait à 16 milliards de dollars. Selon ses propres mots, « parfois, la vie vous rattrape ». Eh bien, parfois, les conséquences de vos propres actions aussi.

Le Département de la Justice des États-Unis et la Securities and Exchange Commission enquêtent sur l'effondrement. Le département californien de la protection financière et de l'innovation (DFPI) ouvre également une enquête, ainsi que les autorités des Bahamas. Les experts juridiques suggèrent que l'utilisation par FTX de l'argent des clients pourrait constituer une fraude ou un détournement de fonds. De plus, une action collective allègue que « le système frauduleux de FTX a été conçu pour profiter d'investisseurs peu avertis » qui « ont subi collectivement plus de 11 milliards de dollars de dommages ».

Cela prouve l'importance d'examiner les antécédents et les finances d'une entreprise, crypto ou non, avant de lui permettre de devenir plus grande que le Nasdaq, et non après. La diligence raisonnable peut aider à différencier les investissements solides des idées terribles entre les bons et les mauvais projets crypto. Le fait de dire « il a fait la couverture du magazine Fortune, c'était un grand nom » ne constitue pas une diligence raisonnable. C'est se laisser prendre à la plus vieille ruse du monde.

Je viens de parler avec un commanditaire de plusieurs fonds crypto : il a dit que lorsqu'il a demandé aux fonds pourquoi ils avaient fait une vérification diligente « passive » sur FTX, ils ont répondu en gros « il était en couverture du magazine Fortune. C'était un grand nom ».Il va y avoir beaucoup de poursuites judiciaires. Et beaucoup de fonds vont cesser leurs activités. - Frank Chaparro (@fintechfrank) 13 novembre 2022

En effet, Bankman-Fried a peut-être fait la couverture de Fortune (tout comme Elizabeth Holmes), mais il a prouvé sa valeur en tant que dirigeant incompétent et incapable. Il n'était rien d'autre qu'un imposteur. Dans une récente révélation à un journaliste de Vox sur Twitter, il a admis que « les trucs d'éthique », lire : sa chère philosophie basée sur les efforts philanthropiques et l'altruisme effectif, étaient surtout une façade, car « c'est de cela que sont faites les réputations ».

« Je me sens mal pour ceux qui se font avoir par ça. », a-t-il ajouté, une déclaration difficile à croire.

Alors, quelle est la prochaine étape ? Empêcher que cela ne se reproduise.

Sachant ce que nous savons maintenant, il est primordial que l'industrie dans son ensemble se mette en mode « gestion de la réputation », et procède à un examen de toutes les pommes pourries restantes, car on ne peut pas leur permettre de causer le genre de dommages que FTX a fait.

Le crypto n'y survivrait pas.

En donnant plus d'espace et de temps d'antenne aux projets innovants, fiables et soutenus par la science, et en coupant l'herbe sous le pied des fraudeurs enhardis avant qu'ils n'aient la possibilité de faire d'autres victimes, l'industrie peut permettre à de nouveaux noms de s'épanouir et contribuer à ramener le projet à sa mission initiale. En se portant garant de la fiabilité absolue des noms qui remplacent FTX dans la compréhension collective du public de ce qu'est la crypto et de ce qu'elle représente, l'industrie peut rétablir une norme de comportement en or et revenir à ce qu'elle était censée être.

L'écosystème crypto est à la croisée des chemins : Il peut soit innover, réglementer, revoir et recommencer, soit échouer. La saga FTX est le signe qu'il est temps de faire un choix.

Il est vrai que la chute de FTX a été un choc pour beaucoup : enthousiastes, investisseurs, législateurs et simples amateurs de cryptomonnaies. Toutefois, pour dire les choses clairement, il pourrait s'agir de la meilleure chose qui soit arrivée à la crypto. Seul l'avenir nous le dira, et le monde nous regarde.

Daniele Servadei est le cofondateur et le PDG de Sellix, une plateforme de commerce électronique basée en Italie.

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