Alors que les régulateurs dessinent enfin un cadre clair pour les stablecoins aux États-Unis, Tether s’impose comme l’un des grands gagnants du virage réglementaire. L’émetteur du stablecoin USDt a enregistré un bénéfice record de 4,9 milliards de dollars au deuxième trimestre 2025, confirmant sa domination sur le marché et un appétit grandissant pour les actifs numériques stables.
Un trimestre historique pour Tether
Tether a annoncé un bénéfice net de 4,9 milliards de dollars au deuxième trimestre 2025, soit une hausse spectaculaire de 277 % par rapport à la même période en 2024. Ces chiffres confirment une tendance solide, puisque la société affiche un profit cumulé de 5,7 milliards de dollars sur les six premiers mois de l’année. En comparaison, Tether avait généré 5,2 milliards à la même période l’année dernière, ce qui représente une progression annuelle de 9,6 %.
Selon le communiqué de la société, cette performance repose largement sur les revenus générés par ses investissements en bons du Trésor américain, qui représentent une part croissante de ses actifs. Tether détient désormais 127 milliards de dollars en titres du Trésor, ce qui lui permet de dépasser la Corée du Sud et de devenir le 18ᵉ plus grand détenteur mondial de dette américaine.
Au 30 juin 2025, la société déclarait 162,6 milliards de dollars d’actifs pour 157,1 milliards de passifs, essentiellement liés à l’émission de ses tokens.
Vers une nouvelle ère sous le signe de la régulation et de la concurrence
La croissance de Tether intervient dans un contexte de réglementation renforcée des stablecoins aux États-Unis. La GENIUS Act, signée en juillet 2025 par le président Donald Trump, est la première législation fédérale encadrant les émetteurs de stablecoins. Le rapport de Tether souligne que sa montée en puissance sur le marché obligataire américain "intervient au moment où les responsables politiques américains ont pris des mesures décisives pour renforcer le leadership mondial du dollar numérique".
La montée en puissance de Tether s’accompagne également d’une concurrence accrue sur le marché. Circle, émetteur du stablecoin USDC, a réalisé son introduction en bourse en juin 2025. Son action, lancée à 31 dollars, a rapidement grimpé à 186,83 dollars. De son côté, PayPal a annoncé en avril un rendement annuel de 3,7 % sur son propre stablecoin.
Parallèlement, World Liberty Financial, l’un des projets crypto portés par l’entourage de Donald Trump, a investi 10 millions de dollars dans Falcon Finance pour accélérer le développement de l’infrastructure stablecoin.
L’Europe, quant à elle, s’active. Jeudi dernier, Deutsche Bank, Galaxy et Flow Traders ont lancé un stablecoin adossé à l’euro sur Ethereum. Mais l’Union européenne reste en retard sur le front réglementaire. Jürgen Schaaf, conseiller à la BCE, a mis en garde : "L’UE risque d’accentuer la domination du dollar si elle ne se dote pas de règles communes sur les stablecoins".
La publication des résultats de Tether confirme l’ancrage des stablecoins dans l’écosystème financier mondial. Le contexte réglementaire américain, désormais plus lisible avec la GENIUS Act, semble favoriser les acteurs bien établis comme Tether. Mais la montée en puissance de concurrents comme Circle, PayPal ou même des initiatives euro-numériques suggère une recomposition du paysage à moyen terme.
Avec une part de marché de 61,7 % et une capitalisation de 164,5 milliards de dollars, USDt reste dominant, mais il devra composer avec un environnement de plus en plus concurrentiel et réglementé. L’avenir des stablecoins pourrait bien se jouer à l’intersection de la performance financière, de la conformité réglementaire et de la souveraineté monétaire.