Roman Storm, l’un des développeurs à l’origine du protocole Tornado Cash, cherche à réunir 1,5 million de dollars supplémentaires pour faire face à des frais juridiques en forte hausse, alors que son procès très médiatisé entame sa troisième semaine.
Dans un message posté sur X (anciennement Twitter) le 26 juillet, qualifié « d’appel urgent à l’aide », Storm explique que les coûts légaux « s’accumulent très vite ».
« Cela semble fou, mais j’ai encore besoin d’environ 1,5 million de dollars », écrit-il. Dans un autre message, il ajoute que son équipe juridique « travaille jour et nuit ».
« On a oublié ce que c’est que de dormir normalement. Chaque heure compte, et chaque dépense aussi », poursuit-il. La communauté crypto a déjà versé plus de 3,9 millions de dollars pour soutenir ses frais de justice, depuis l’ouverture du procès le 14 juillet à Manhattan, New York.
Ce procès pourrait créer un précédent lourd de conséquences, en ouvrant la voie à une criminalisation des outils open-source dédiés à la confidentialité, avec un impact majeur sur l’innovation dans la finance décentralisée. Il menace également les droits fondamentaux à la vie privée dans l’univers numérique.
Cependant, les outils comme Tornado Cash attirent la controverse, notamment en raison de leur utilisation par des entités malveillantes — comme le groupe Lazarus, soutenu par l’État nord-coréen. C’est cet usage détourné qui avait conduit le Trésor américain, via l’Office of Foreign Assets Control (OFAC), à sanctionner le protocole en août 2022.
Ces sanctions ont toutefois été annulées en janvier 2024, après qu’un groupe d’utilisateurs de Tornado Cash a intenté une action civile contre l’OFAC.
Le protocole de mixing crypto a officiellement été retiré de la liste noire de l’OFAC en mars.
Des millions déjà levés pour sa défense
D’après le site officiel de Roman Storm, plus de 3,2 millions de dollars ont déjà été collectés pour son fonds de défense juridique — soit 65 % de l’objectif récemment porté à 5 millions.
Par ailleurs, la Fondation Ethereum a atteint son propre objectif de 750 000 dollars, destiné à soutenir Storm dans cette bataille judiciaire.
Les arguments se déploient devant le tribunal
Le procès se déroule actuellement dans le district sud de New York et devrait s’achever autour du 11 août, selon les informations disponibles sur le site de Storm.
Les procureurs américains accusent Storm d’avoir conspiré pour blanchir de l’argent, d’avoir enfreint des sanctions américaines, et d’avoir exploité un service de transfert de fonds sans licence — le tout dans le cadre du développement de Tornado Cash.
La défense soutient de son côté que Tornado Cash n’a jamais été une entreprise commerciale, mais un protocole décentralisé et immuable, hors du contrôle de ses créateurs.
Elle s’appuie notamment sur une directive de 2019 du Financial Crimes Enforcement Network, précisant que les développeurs de logiciels anonymisants ne sont pas tenus de s’enregistrer comme opérateurs de services financiers.
Elle rappelle aussi que la rédaction et la publication de code sont protégées par le Premier Amendement aux États-Unis, au titre de la liberté d’expression.
Les autres cofondateurs de Tornado Cash également visés
Storm a conçu Tornado Cash en 2019 aux côtés d’Alexey Pertsev et Roman Semenov, après avoir été inspiré par une prise de parole de Vitalik Buterin sur la confidentialité dans l’écosystème Ethereum.
Pertsev a été reconnu coupable de blanchiment d’argent en mai 2024 aux Pays-Bas. Il a fait appel de cette décision et reste sous surveillance électronique, libéré sous conditions strictes.
Quant à Semenov, il reste introuvable et figure toujours sur la liste des personnes recherchées par le FBI.