Linqto, une plateforme d'investissement privée qui permet aux investisseurs d'acheter des parts dans des sociétés non cotées, a déposé une demande de mise en faillite au titre du chapitre 11 aux États-Unis. La société détient 4,7 millions d'actions Ripple achetées sur le marché privé.
Le dépôt de bilan a été enregistré lundi auprès du tribunal fédéral du district sud du Texas.
Cette démarche intervient peu après que le PDG de Ripple, Brad Garlinghouse, a précisé que Linqto possédait bien 4,7 millions d’actions Ripple, mais qu’aucun lien commercial n’existait entre les deux entités.
« En dehors du fait que Linqto est actionnaire, Ripple n’a jamais eu de relation commerciale avec Linqto, ni participé à ses levées de fonds », a précisé Garlinghouse dans un post sur X.
Valeur incertaine des actions détenues
Un porte-parole de Linqto n’a pas souhaité indiquer à quelle date la société avait acquis les actions Ripple sur le marché secondaire.
Selon les données de la plateforme Forge, les actions Ripple détenues par Linqto pourraient être évaluées à environ 450 millions de dollars, sur la base d’un prix unitaire de 95,5 dollars.
Toutefois, un document déposé mardi mentionne que le véhicule d’investissement de Linqto, baptisé Liquidshares, détient des titres d’une valeur marchande estimée à plus de 500 millions de dollars, répartis sur 111 sociétés émettrices.
Le représentant de Linqto n'a pas précisé à Cointelegraph la valeur des actions Ripple détenues par la société. Ripple n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire.
Enquête fédérale et soupçons de pratiques trompeuses
Des rumeurs concernant la faillite de Linqto ont émergé dès le 30 juin, après une enquête du Wall Street Journal signalant des investigations fédérales en cours. Le journal affirme qu’une enquête interne aurait révélé que certains clients de Linqto ne possédaient en réalité aucun des titres qu’ils pensaient avoir acquis.
Toujours selon le WSJ, Linqto aurait commercialisé ses services auprès de clients qui n’étaient pas légalement éligibles à investir dans des entreprises privées. Dan Siciliano, nouveau PDG de Linqto, aurait déclaré :
« Ce que nous avons découvert sur les pratiques commerciales passées de Linqto est profondément troublant », a déclaré le nouveau PDG Dan Siciliano, ajoutant : « Il ne s’agit pas de simples erreurs ou de problèmes de conformité mineurs. »
L’ancien PDG, William Sarris, aurait tenté de revendre les actions Ripple aux 11 000 utilisateurs de Linqto avec une majoration d’au moins 60 % par rapport au prix d’achat. Une pratique contraire aux règles de la SEC, qui limite les majorations à 10 %.
Première audience ce mardi
La première audience liée à la faillite est prévue pour mardi à 21h UTC. Parmi les témoins attendus : Jeffrey Stein, responsable de la restructuration, Kate Mailloux du cabinet Epiq Corporate Restructuring, et Ryan Hamilton, vice-président chez Jefferies, spécialiste du conseil en dette.
Un document judiciaire précise que Linqto a enfreint les lois sur les valeurs mobilières en structurant incorrectement ses sociétés à responsabilité limitée, et en ne respectant pas les autorisations de transfert exigées par certains émetteurs comme Ripple.
Linqto a mis fin à ses opérations commerciales le 13 mars, en fermant sa plateforme. Depuis, la SEC a ouvert une enquête sur de possibles violations impliquant Linqto et ses entités affiliées, selon les documents judiciaires.
Ripple a coupé les ponts en 2024
D’après Garlinghouse, Ripple a cessé d’autoriser Linqto à acquérir ses actions sur le marché secondaire fin 2024. Cette décision coïncide avec la fin de l’examen réglementaire de Linqto Capital, sa filiale enregistrée en tant que courtier, par la FINRA.
Gene Zawrotny, ancien directeur des revenus de Linqto, a également engagé une action en justice contre l’entreprise et ses anciens dirigeants, les accusant de fautes graves en matière de conformité et de représailles internes.
L’affaire a rebondi ce lundi, après que Linqto a démenti toute modification de la détention d’actions Ripple dans Liquidshares, en réponse à un post de Matt Rosendin (PDG de CapSign).
« Contrairement aux rumeurs publiées sur X, Linqto confirme que la participation de Liquidshares dans Ripple n’a pas changé. Comme confirmé par Ripple la semaine dernière, Linqto détient toujours 4,7 millions d’actions », a précisé la société dans un communiqué officiel.