Les marchés crypto ne dorment jamais, et chaque mouvement autour de figures emblématiques comme Changpeng Zhao (CZ), ex-PDG de Binance, déclenche des vagues de spéculation. Condamné en 2024 à une peine de prison pour manquements à la lutte contre le blanchiment d’argent, Zhao semblait éloigné de la direction de Binance. Mais les pronostics récents sur Polymarket ravivent le scénario d’un retour, alimentés par l’hypothèse d’un pardon présidentiel signé Donald Trump. Une éventualité qui, si elle se confirmait, bouleverserait autant l’équilibre politique que le paysage crypto.
Polymarket et la crypto s’emballent autour d’un pardon pour CZ
Sur Polymarket, plateforme de paris décentralisée, la probabilité d’un pardon présidentiel en faveur de CZ a atteint un pic de 64 % samedi, avant de retomber à 45 % selon les données de la semaine. À l’origine de cette flambée : un changement subtil, mais symbolique. Des utilisateurs ont remarqué que Zhao avait supprimé la mention “ex-@binance” de sa biographie sur X, signe interprété comme un rapprochement possible avec l’exchange crypto qu’il a fondé en 2017.
Ce regain d’intérêt contraste avec les déclarations passées de Zhao. En novembre 2023, au moment de quitter ses fonctions dans le cadre d’un accord avec les autorités américaines, il avait assuré n’avoir « aucun plan pour revenir au poste de PDG ». Pourtant, en mai dernier, il reconnaissait avoir mandaté ses avocats pour solliciter un pardon auprès de Trump. Le précédent existe : l’ancien président a déjà gracié des personnalités controversées du secteur, dont Ross Ulbricht (Silk Road) et les cofondateurs de BitMEX, Arthur Hayes, Benjamin Delo et Samuel Reed.
Les tensions politiques et financières autour de Binance
Mais l’affaire dépasse le seul destin personnel de CZ. Trois sénateurs démocrates, dont Elizabeth Warren, ont adressé mercredi une lettre à la procureure générale, Pam Bondi, s’inquiétant des liens financiers entre la famille Trump et Binance via leur société World Liberty Financial. Ils évoquent aussi des rumeurs selon lesquelles l’exchange crypto chercherait à réduire les obligations de conformité imposées par son accord de 2023 avec le Département de la Justice.
Cet accord, d’un montant record de 4,3 milliards de dollars, prévoit notamment trois ans de surveillance externe. La perspective d’y mettre un terme prématurément alimente les soupçons d’un traitement de faveur dans l’hypothèse d’une administration Trump. Une situation qui met en lumière la fragilité de la régulation financière américaine face aux intérêts politiques et privés.
Au carrefour des marchés, de la politique et de la régulation, le dossier CZ illustre les tensions persistantes entre innovation crypto et contrôle institutionnel. Qu’il obtienne ou non un pardon, l’ancien patron de Binance reste au cœur d’un bras de fer qui pourrait redéfinir les rapports de force entre l’écosystème crypto et Washington.