Et si 3 milliards de cartes bancaires devenaient demain des passerelles vers le Web3 ? C’est exactement ce que propose la nouvelle alliance stratégique entre Chainlink et Mastercard. Derrière cette annonce, c’est bien plus qu’un partenariat technologique : c’est une tentative d’élargir massivement l’accès aux cryptos pour les utilisateurs traditionnels du système bancaire. Grâce à une infrastructure décentralisée alliée à des acteurs clés de la finance numérique, l’initiative vise à lever un des plus grands freins à l’adoption du Web3 : la complexité technique.

Un pont inédit entre Web2 et Web3

Chainlink, spécialiste des oracles décentralisés, a décidé de s’associer à Mastercard pour permettre aux 3 milliards de détenteurs de cartes de ce dernier d’acheter directement des cryptos on-chain. Cette intégration repose sur une collaboration avec plusieurs acteurs Web3, dont Shift4 Payments, Swapper Finance, XSwap et ZeroHash, une société spécialisée dans l’infrastructure crypto et stablecoins. Un porte-parole de Chainlink Labs a précisé que « la version actuelle de l’application disponible sur Swapper Finance utilise l’abstraction de compte pour offrir simplicité et contrôle aux utilisateurs ».

L’intégration repose sur une interface pensée pour réduire les frictions à l’achat de cryptos via les monnaies fiats. Dans une industrie souvent jugée trop complexe pour les néophytes, Mastercard et ses partenaires misent ici sur l’ergonomie, la sécurité réglementaire, et l’infrastructure décentralisée pour simplifier l’expérience. L’utilisation de cette solution renforce la souveraineté des utilisateurs sur leurs fonds tout en restant conforme aux exigences de conformité bancaire.

Entre stratégie crypto et transformation du secteur

Ce rapprochement avec Chainlink n’est pas un coup isolé. Mastercard multiplie les incursions dans l’univers crypto depuis le début de l’année 2024. En avril, le groupe avait déjà annoncé un partenariat avec Kraken pour émettre des cartes de débit crypto au Royaume-Uni et en Europe. Il a aussi lancé une carte en partenariat avec MetaMask. Et en février dernier, Mastercard déclarait avoir « tokenisé 30 % de ses transactions de 2024 », preuve d’un virage stratégique assumé.

Face à Visa, son principal concurrent déjà bien implanté sur le segment Web3, Mastercard entend consolider une position de leader dans la tokenisation et les paiements décentralisés. En misant sur l’infrastructure Chainlink et des services comme ZeroHash, Mastercard semble vouloir conjuguer rapidité d’exécution, conformité réglementaire et souplesse d’usage. Ce type d’intégration pourrait ouvrir la voie à d’autres usages crypto, comme les paiements en stablecoins directement via carte bancaire, voire des applications futures dans la finance décentralisée (DeFi).

Cette alliance Chainlink-Mastercard pourrait bien faire basculer l’industrie dans une nouvelle ère d’adoption crypto. À la croisée des chemins entre infrastructures décentralisées et géants du paiement, l’initiative pourrait catalyser une vague d’intégrations similaires dans les mois à venir. Reste à voir si l’ergonomie, la sécurité et l’interopérabilité seront au rendez-vous pour séduire un public encore méfiant vis-à-vis des cryptomonnaies.