La République des Îles Marshall a annoncé qu’elle permettrait à ses citoyens d’accéder à des fonds via un actif numérique émis par le gouvernement, dans le cadre de son programme de revenu universel.
Dans une annonce faite mercredi et partagée avec Cointelegraph, le gouvernement de cet État du Pacifique a indiqué avoir lancé un portefeuille numérique baptisé Lomalo. Celui-ci utilisera le stablecoin USDM1, indexé sur le dollar, afin de donner accès au programme de revenu universel (UBI). Selon les autorités, un premier versement aura lieu fin novembre. Les bénéficiaires pourront le recevoir via leur portefeuille, par chèque physique ou par virement direct.
« En proposant une option numérique sécurisée en complément de nos méthodes traditionnelles, nous renforçons nos systèmes financiers et nous nous assurons que personne ne soit laissé de côté », a déclaré David Paul, ministre des Finances des Îles Marshall.
D’autres États insulaires du Pacifique ont déjà lancé des initiatives similaires. Palau, par exemple, a émis un stablecoin sur le XRP Ledger destiné aux employés du gouvernement. De son côté, la banque centrale des Îles Salomon a développé Bokolo Cash, un stablecoin utilisé pour les paiements du quotidien et les transactions entre particuliers à Honiara, la capitale.
« Les citoyens pourront transférer des fonds à d’autres utilisateurs enregistrés sur Lomalo », a indiqué à Cointelegraph un porte-parole du ministère des Finances. « Pour l’instant, seuls les bénéficiaires inscrits au programme UBI peuvent créer un portefeuille. »
Les avertissements du FMI concernant l’usage d’actifs numériques aux Îles Marshall
Le lancement du portefeuille numérique dans le cadre du programme UBI intervient alors que le FMI multiplie les avertissements. En 2023, l’institution avait demandé au gouvernement des Îles Marshall de revoir son projet de monnaie numérique de banque centrale, alors nommé SOV.
« Nous saluons les efforts visant à réduire certaines initiatives numériques passées », déclarait le FMI dans un communiqué du 10 septembre. « Les projets actuels d’émettre un “digital sovereign bond” présentent des risques importants au regard des bénéfices attendus, des risques qui ne peuvent être correctement maîtrisés étant donné les capacités limitées du pays. Selon la mission, les autorités ne devraient donc pas procéder au lancement mondial prévu. »
Le FMI estime également que l’essor des organisations autonomes décentralisées (DAO) — reconnues comme entités légales par les Îles Marshall depuis 2022 — combiné au lancement du programme UBI reposant sur un USDM1 « non éprouvé », pourrait entraîner des « risques macro-budgétaires et d’intégrité financière ». L’institution recommande de réduire l’ampleur du programme pour en faire un dispositif « plus ciblé vers les populations qui en ont le plus besoin ».
En réponse aux avertissements du FMI, David Paul a assuré à Cointelegraph que le gouvernement des Îles Marshall était « en dialogue actif avec le FMI au sujet du programme UBI et d’USDM1 ». Il a également précisé que le digital sovereign bond était « émis sous juridiction de l’État de New York et garanti à 1:1 par des bons du Trésor américain de court terme, conservés dans un compte isolé en cas de faillite et géré par un dépositaire qualifié basé aux États-Unis ».
Selon Paul, « la structure juridique d’USDM1, son applicabilité et ses mécanismes de remboursement s’alignent sur la manière dont le FMI traite depuis longtemps les obligations souveraines garanties, et non sur les tokens numériques émis par des acteurs privés ». Il ajoute que « l’instrument a été conçu pour reproduire le modèle des obligations Brady, un cadre historiquement soutenu par le FMI ».