Le marché des stablecoins vient de franchir le seuil symbolique des 300 milliards de dollars de capitalisation. Ce record, atteint début octobre, suscite un regain d’optimisme sur les marchés numériques. Alors que le mois d’octobre est historiquement favorable au bitcoin, cette explosion de la liquidité pourrait bien servir de carburant pour une nouvelle phase haussière.
Une liquidité record qui circule activement
L’offre totale de stablecoins a progressé de près de 47 % depuis janvier, pour atteindre un sommet inédit de 300 milliards de dollars, selon les données de DeFiLlama. Ce chiffre marque un tournant pour le secteur, traduisant un retour massif de capitaux sur la blockchain.
Pour Andrei Grachev, cofondateur du protocole Falcon Finance, cette liquidité est déjà en mouvement. « Le passage du cap des 300 milliards ne correspond pas à un capital en attente d’investissement. Cet argent circule activement sur les marchés », a-t-il notamment martelé.
Il précise par ailleurs que les volumes de transfert se chiffrent en milliers de milliards de dollars chaque mois, preuve d’une utilisation soutenue sur les différentes blockchains. « Ces fonds ne dorment pas. Ils financent des positions, règlent des transactions et donnent accès à des dollars numériques là où les banques sont absentes », ajoute-t-il.
Pour Grachev, cette expansion traduit un changement structurel : « Il ne s’agit pas de capitaux au repos, mais de capitaux en action. »
Des usages mondiaux et une adoption institutionnelle
Les stablecoins s’imposent désormais bien au-delà du simple trading. Ils servent à payer, transférer de l’argent, épargner ou même régler des transactions institutionnelles.
Pour Ricardo Santos, directeur technique de Mansa Finance, cette croissance est un signal clair : « L’expansion des stablecoins traduit l’intégration croissante de la finance numérique dans le système financier mondial. »
Il estime que cette réserve de liquidité, adossée au dollar, peut rapidement se réorienter vers des actifs tels que le bitcoin, l’ether ou d’autres altcoins, créant ainsi un effet d’entraînement sur le marché. Santos souligne aussi leur adoption dans plusieurs pays émergents, notamment le Nigeria, la Turquie et l’Argentine, où « les stablecoins sont devenus de véritables dollars du quotidien ».
Cette intégration se renforce avec l’arrivée d’acteurs institutionnels comme Visa, qui expérimente leur utilisation dans ses systèmes de paiement. Les chiffres appuient cette tendance. Selon Lookonchain, Circle a émis 8 milliards de dollars de USDC sur le réseau Solana en septembre, dont 750 millions en une seule journée. Une preuve de la demande croissante pour ces actifs stables.
En somme, les stablecoins s’imposent comme une passerelle entre la finance traditionnelle et la cryptoéconomie. Leur essor interroge sur la frontière entre liquidité numérique et monnaie souveraine. À terme, cette mutation pourrait redéfinir la notion même de “dollar” à l’ère des actifs programmables.