La tokenisation des actifs réels connaît un essor sans précédent. Dopé par l’intérêt institutionnel et les avancées technologiques sur la blockchain, le secteur des RWA tokens a franchi un nouveau cap en atteignant une capitalisation record.
Une capitalisation record portée par le crédit privé et les bons du Trésor
Les tokens représentant des actifs du monde réel (RWA), comme les obligations, le crédit privé ou les matières premières, ont enregistré une hausse de 11 % sur la dernière semaine. Cette progression propulse leur capitalisation globale à 76 milliards de dollars, un niveau jamais atteint jusqu’ici selon CoinMarketCap.
Dans le détail, la valeur des actifs effectivement tokenisés et circulant sur les blockchains atteint 29 milliards de dollars, d’après les données de RWA.xyz. Ce chiffre a quasiment doublé depuis le début de l’année, signe d’un appétit croissant pour ce type de produits numériques hybrides.
Plus de la moitié des actifs tokenisés correspond à du crédit privé, soit des prêts non cotés sur les marchés publics. En deuxième position viennent les obligations d’État américaines, en particulier les US Treasurys, qui représentent environ un quart du total. Le reste comprend des fonds alternatifs, matières premières, actions et autres obligations.
La majorité de ces actifs tokenisés sont hébergés sur Ethereum et ses solutions de couche 2 (layer‑2), des infrastructures techniques qui permettent une meilleure scalabilité tout en réduisant les coûts de transaction.
En élargissant le champ aux stablecoins (comme l’USDC ou l’USDT), la valeur totale des actifs représentés sur blockchain grimpe à plus de 307 milliards de dollars, une illustration du potentiel disruptif de ces technologies sur la finance traditionnelle.
Des institutions à l’assaut de la tokenisation
Ce développement ne relève pas d’un simple engouement technologique. Des acteurs majeurs du secteur financier, comme BlackRock, annoncent des projets de tokenisation de leurs produits, notamment leurs ETF. Ces initiatives traduisent un intérêt concret pour les bénéfices structurels qu’offre la tokenisation : meilleure liquidité, fractionnement des parts, automatisation des transactions via des smart contracts, et transparence accrue.
La tokenisation transforme ainsi la nature des marchés financiers en rendant des actifs traditionnellement peu accessibles — comme des obligations privées ou des fonds immobiliers — plus liquides et plus accessibles à une nouvelle génération d’investisseurs.
Toutefois, cette évolution soulève aussi des défis réglementaires, notamment en ce qui concerne la garde des actifs sous-jacents, la vérification des émetteurs ou encore la conformité aux normes KYC/AML. Les autorités de régulation sont encore en phase d’observation, avec des cadres juridiques qui évoluent lentement face à l’innovation rapide des protocoles.
D’un point de vue technologique, la prédominance d’Ethereum et de ses dérivés n’est pas anodine. Ce sont les plateformes les plus utilisées pour déployer des smart contracts fiables et interopérables. Toutefois, de nouveaux projets cherchent à proposer des alternatives plus rapides ou plus spécialisées, et la course à l’infrastructure idéale est loin d’être terminée.
L’évolution rapide des RWA tokens laisse entrevoir une refonte profonde des marchés de capitaux, où les lignes entre finance traditionnelle et finance décentralisée pourraient s’estomper. L’adhésion croissante des institutions à ces nouveaux standards suggère que cette transition ne fait que commencer.