Le plus long arrêt du gouvernement américain plonge la législation crypto dans l’incertitude. Alors que le secteur espérait une adoption rapide d’un cadre réglementaire, les couloirs de Washington restent silencieux. Les experts redoutent que ce blocage historique compromette l’agenda voulu par l’administration Trump.
Un record de paralysie qui grippe la machine législative
Le gouvernement fédéral des États-Unis est actuellement à l’arrêt depuis 36 jours, un record absolu. Ce blocage budgétaire empêche non seulement le fonctionnement normal des agences, mais paralyse aussi les travaux législatifs en cours, notamment ceux relatifs à la loi sur la structure des marchés crypto, un texte clef pour le secteur.
La situation est d’autant plus critique que le président Donald Trump avait clairement affiché sa volonté de promulguer ce projet de loi d’ici la fin de l’année 2025. Toutefois, cette ambition semble désormais compromise. Plusieurs observateurs à Washington soulignent que la mise en congé forcée des experts fédéraux limite drastiquement les capacités de rédaction, de coordination et de négociation du texte. Les retards pourraient repousser l’adoption de cette régulation clé à 2026.
La dynamique actuelle engendre une double incertitude. D’un côté, les agences concernées, telles que la Securities and Exchange Commission (SEC) et la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), ne disposent plus de ressources suffisantes pour assurer un suivi technique du projet. De l’autre, les comités parlementaires chargés du texte, eux-mêmes affectés par des réductions de personnel, peinent à avancer. Pour certains membres du Congrès, la législation n’est pas abandonnée, mais le shutdown n’aide certainement pas.
Gracy Chen, PDG de Bitget, y voit néanmoins une opportunité d’apprentissage. Elle estime que cette paralysie met en lumière la fragilité des systèmes centralisés et renforce la pertinence des solutions décentralisées, plus résilientes face aux crises institutionnelles. Selon elle, « le shutdown agit comme un catalyseur, rappelant l’importance de bâtir des cadres réglementaires robustes et tournés vers l’avenir ».
Quand l’immobilisme devient stratégie politique involontaire
Malgré ce climat de paralysie, certains acteurs proches de l’exécutif se veulent rassurants. David Sacks, conseiller de Donald Trump sur les questions crypto et IA, a déclaré que le texte faisait des « progrès notables », même si le shutdown entame désormais sa 37ᵉ journée. Il admet toutefois que les agences régulatrices opèrent avec des équipes réduites, ce qui fragilise l’avancée du texte.
Fait intéressant, certains élus voient dans cette pause une opportunité de revoir les fondements du projet. Selon eux, l’interruption imposée offre un temps de réflexion pour peaufiner la structure juridique et les définitions techniques du texte. Ce paradoxe, où l’arrêt d’un processus législatif pourrait indirectement en améliorer la qualité, soulève des débats au sein même des institutions.
Du côté des entreprises, si le climat d’incertitude pèse sur le moral des investisseurs, il pourrait aussi favoriser à moyen terme une prise de conscience collective sur la nécessité d’un encadrement clair et bipartisan. Gracy Chen considère que cette période met en évidence les inefficacités des systèmes financiers traditionnels et pourrait renforcer la confiance institutionnelle envers la fiabilité des blockchains. Elle souligne que, dans un environnement encore volatile, les investisseurs sont de plus en plus nombreux à diversifier leurs stratégies et à s’orienter vers des alternatives décentralisées, plus stables et mondialisées.
En parallèle, les entreprises du secteur, en attente d’une clarification réglementaire, s’inquiètent. Le retard accumulé pourrait freiner les investissements, retarder l’arrivée de nouvelles infrastructures et surtout, laisser la place à d'autres juridictions plus rapides. Pour les analystes, ce manque de visibilité réglementaire pourrait entamer la position des États-Unis dans la course mondiale à l’innovation crypto.