Alors que les projecteurs étaient braqués sur le bitcoin (BTC) en cette fin d’année, un autre acteur du paysage crypto est venu bouleverser l’équilibre établi. En l’espace de quelques semaines, Zcash (ZEC) a enregistré une hausse spectaculaire de 1 500 %, franchissant à nouveau la barre symbolique des 700 $, et réactivant des débats brûlants sur la vie privée, la centralisation… et les valeurs fondatrices du Web3. La confrontation entre maximalistes Bitcoin et partisans de la protection de la vie privée ne cesse de s’intensifier, alors que la course aux cryptos les plus légitimes reprend de plus belle. Dans ce climat de tension idéologique et financière, une question revient avec insistance : le retour de Zcash est-il un épiphénomène, ou le signal d’un basculement durable ?
Zcash explose, la communauté Bitcoin crie à la manipulation
L’étincelle est partie d’un simple post sur X, signé Hunter Horsley, PDG de Bitwise, qui affirmait que les maximalistes Bitcoin risquaient de « se tordre l’esprit » pour qualifier Zcash. Ce à quoi Bit Paine, influenceur pro-Bitcoin, a répliqué sèchement : « On est plutôt à l’aise pour appeler ça une arnaque VC, manifestement coordonnée ». En ligne de mire : une hausse de +1 500 % du cours de ZEC depuis octobre, qui a dépassé les 700 $ dimanche 16 novembre, après un creux à 598 $ la veille. Cette flambée brutale a suscité de vives accusations de pump and dump.
Au-delà du prix, Zcash a aussi réalisé un exploit symbolique en dépassant Monero (XMR) pour devenir la crypto axée sur la vie privée numéro un par capitalisation, atteignant plus de 11,2 milliards de dollars. Cette performance a relancé des débats de fond sur la légitimité des privacy coins, régulièrement marginalisés mais aujourd’hui remis au centre du jeu. Mert Mumtaz, PDG d’Helius et fervent défenseur de Zcash, a lui aussi dénoncé ce qu’il appelle les théories du complot véhiculées par certains maximalistes Bitcoin.
Zcash porté par les institutions et les effets collatéraux sur le bitcoin
Si la dynamique de prix de Zcash a capté l’attention, l’adoption institutionnelle donne une tout autre ampleur au phénomène. Arthur Hayes, fondateur de BitMEX, a révélé que Zcash était désormais le deuxième plus gros actif liquide de son family office Maelstrom, derrière le bitcoin. Autre événement marquant : la biotech Leap Therapeutics a été rebaptisée Cypherpunk Technologies, société spécialisée dans la trésorerie ZEC, avec le soutien de Winklevoss Capital. Résultat : +170 % sur l’action à l’annonce.
La montée en puissance de Zcash n’est pas restée sans effet sur l’écosystème Bitcoin. Face à cette poussée de la narrative, certains développeurs ont proposé de réactiver une ancienne opcode Bitcoin : OP_CAT, permettant d’implémenter des fonctions avancées… dont la confidentialité native. Cette initiative, encore marginale, pourrait cependant catalyser un débat technique crucial pour l’avenir du protocole.
Enfin, au-delà des chiffres, cette séquence révèle une fissure idéologique au sein de la cryptosphère. Entre pragmatistes favorables à des compromis pour garantir la vie privée, et puristes attachés à une vision monolithique du bitcoin, le fossé semble se creuser. La résurgence de Zcash pourrait ainsi catalyser une redéfinition des priorités techniques et politiques des années à venir.