Une nouvelle ligne rouge vient d’être franchie pour les détenteurs de cryptos en France. L’Assemblée nationale a voté une mesure choc qui pourrait bien redéfinir la fiscalité des actifs numériques : ces derniers rejoindraient la liste des richesses improductives à taxer. Ce virage législatif, bien que non encore définitif, a provoqué une onde de choc dans l’écosystème. Voici ce que contient vraiment cette proposition, ce qu’elle vise, et pourquoi elle inquiète jusqu’aux figures les plus influentes du secteur.
Une nouvelle taxe sur les richesses improductives
Le 22 octobre, le député centriste Jean-Paul Matteï a déposé un amendement visant à réformer l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), jugé selon lui économiquement incohérent. Adopté de justesse le vendredi suivant (163 voix contre 150), le texte élargit la base taxable aux biens non productifs, parmi lesquels figurent désormais les actifs crypto, au même titre que l’or, les voitures de collection ou encore les œuvres d’art. Ce changement, soutenu à la fois par la gauche socialiste et la droite radicale, marque un tournant dans la perception politique des actifs numériques.
Selon le résumé de l’amendement, l’objectif est clair : inciter à l’investissement productif en redirigeant les capitaux vers l’économie réelle. En d'autres termes, l'épargne stockée en bitcoin (BTC), en lingots ou en voitures anciennes est désormais perçue comme un frein potentiel à la dynamique économique du pays. La nouvelle version de l’impôt s’appliquerait à toute « richesse improductive » dépassant 2 millions d’euros, avec un taux forfaitaire de 1 %. Ce seuil rehausse celui actuellement en vigueur (1,3 million d’euros), mais l’élargissement de la base taxable à de nouveaux actifs rend la mesure beaucoup plus intrusive pour certains patrimoines.
Une mesure qui inquiète l’écosystème crypto français
Si le texte n’est pas encore promulgué, il doit encore passer par le Sénat, plusieurs figures du monde crypto ont déjà réagi avec inquiétude. Éric Larchevêque, cofondateur de Ledger, a dénoncé sur X (anciennement Twitter) un message politique limpide. Pour lui, l’amendement pénalise les épargnants qui cherchent à se protéger via l’or ou le Bitcoin. Il parle même d’une erreur idéologique majeure.
L’autre inquiétude majeure concerne la liquidité. En l’absence d’autres actifs disponibles, certains détenteurs pourraient être forcés de vendre leurs cryptos pour s’acquitter de cette taxe. Larchevêque met aussi en garde : si le seuil de 2 millions semble élevé aujourd’hui, rien n’interdit au législateur de le réduire à l’avenir, rendant alors la mesure beaucoup plus large. Et même si le texte s’inscrit dans le budget 2026, son entrée en vigueur dès le 1er janvier reste une possibilité forte, selon lui. Ce nouveau virage fiscal pourrait ainsi refroidir l’attractivité de la France pour les investisseurs crypto.
Alors que la France ambitionne de devenir une référence en matière de régulation Web3, cette orientation fiscale envoie un signal contradictoire à l’écosystème. En assimilant les cryptos à une richesse improductive, le législateur prend le risque de freiner l’essor de l’investissement numérique sur son sol. Le débat est loin d’être clos, mais le message, lui, est déjà perçu comme un avertissement.