Le patron de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, longtemps hostile au bitcoin (BTC), fait aujourd’hui un virage remarqué. Ce changement illustre la pression croissante qui pèse sur les grandes institutions financières, désormais contraintes de composer avec la montée en puissance des actifs numériques.
De « fraude » à « vous avez le droit d’en acheter » : Un revirement assumé
En 2017, Jamie Dimon faisait la une des médias en qualifiant le bitcoin de « fraude ». En 2024, il allait encore plus loin, comparant la cryptomonnaie à un « caillou de compagnie », image destinée à souligner son inutilité selon lui. Pourtant, lors de la journée des investisseurs de JPMorgan en mai 2025, un tout autre message a été délivré. La banque autorisera désormais ses clients à acheter du bitcoin.
Dans un discours aux tonalités libérales, Dimon a expliqué cette décision par une comparaison inattendue : « Je ne pense pas que vous devriez fumer, mais je défends votre droit de fumer. Je défends votre droit d'acheter du bitcoin. Allez-y. » Une manière de concilier son scepticisme personnel avec la nécessité pour la banque de répondre aux attentes du marché.
Cette prudence reste palpable. JPMorgan n’offre pas de services de garde pour les cryptomonnaies, et Dimon n’a en rien modéré ses critiques. Selon Ryan Lee, analyste en chef chez Bitget Research, cette position reflète une « nécessité dictée par les clients plutôt qu’un soutien stratégique », soulignant ainsi la tension permanente entre gestion des risques et adaptation aux demandes du marché.
Une évolution poussée par les dynamiques de marché et de régulation
Ce revirement ne s’explique pas uniquement par un changement d’opinion. Il s’inscrit dans un contexte plus large de transformation du paysage financier. En janvier 2024, la Securities and Exchange Commission (SEC) des Etats-Unis a approuvé les premiers ETF adossés au bitcoin. Ce feu vert réglementaire a déclenché un afflux d’investissements institutionnels dans les cryptomonnaies.
Dans la foulée, des banques comme Morgan Stanley et Goldman Sachs ont intégré ces produits à leur offre, accentuant la pression concurrentielle sur JPMorgan. En parallèle, l’élection de Donald Trump, favorable au développement du secteur crypto, a contribué à instaurer un climat réglementaire plus accueillant.
Le feu vert de JPMorgan est ainsi perçu comme un signal fort. Pour Ryan Lee, il « ajoute une nouvelle couche de légitimité au bitcoin », ce qui pourrait encourager d’autres institutions financières à proposer des offres similaires. La décision, bien que prudente, marque selon lui « un tournant dans l’intégration institutionnelle des cryptomonnaies ».
L’analyste note également que cette avancée pourrait accélérer l’adoption par le grand public, à condition que les politiques évoluent rapidement pour répondre aux enjeux d’innovation et de conformité. La trajectoire du bitcoin dans l’univers bancaire dépendra ainsi autant des dynamiques de marché que de l’évolution des cadres réglementaires.