Le tournant numérique global n’est plus une prédiction, mais une réalité visible dans les indices boursiers, les stratégies politiques et les technologies adoptées. Alors que les géants de la tech explosent en bourse, une nouvelle forme d’économie, fondée sur l’internet, la blockchain et l’intelligence artificielle, prend le dessus sur les structures économiques traditionnelles. Le capital-risqueur Balaji Srinivasan sonne l’alerte : l’économie héritée est en train d’être mise à la retraite. Cette déclaration, loin d’être anecdotique, s’inscrit dans un bouleversement économique majeur.
Les économies traditionnelles à l’agonie : une mutation irréversible ?
Dans une publication virale sur X, Balaji Srinivasan a déclaré que l’économie traditionnelle est en train d’être mise à la retraite au profit de l’économie d’internet. Cette affirmation s'appuie sur une divergence spectaculaire entre les performances boursières des 7 magnifiques (Apple, Amazon, Google, Meta, Nvidia, Microsoft et Tesla) et les 493 autres entreprises du S&P 500, dont la courbe est restée pratiquement plate depuis 2005. Cette bifurcation des marchés illustre, selon lui, un basculement systémique : la valeur ne se crée plus dans les infrastructures matérielles ou industrielles, mais dans les plateformes, les algorithmes et les écosystèmes numériques.
Pour Balaji, ce changement a commencé après la crise de 2008, lorsque « chaque transaction et communication est passée en ligne ». Il insiste néanmoins sur le fait que nous ne sommes encore qu’aux prémices de cette transformation. Le prochain chapitre ? Des sociétés entièrement numériques, autogérées, et fondées sur la blockchain. Ce modèle d’organisation, inspiré de son concept d’État réseau, rebat les cartes de la souveraineté économique et politique. L’économie d’internet ne se limite plus aux transactions en ligne, elle tend à redéfinir les structures mêmes de nos sociétés.
Vers des États en réseau et une gouvernance numérique ?
Au-delà de la finance ou du marché boursier, Srinivasan va plus loin en affirmant que le monde devient Internet-First, avec des États, des communautés et des identités politiques qui émergent nativement dans le numérique. Selon lui, les Network States— des entités politiques et économiques sans territoire physique, mais fédérées par une cause et une gouvernance en ligne — vont progressivement remplacer les États-nations traditionnels. Dans cette configuration, la cryptomonnaie devient la monnaie de base, et les blockchains, les registres de gouvernance.
Face à cette mutation, même les institutions les plus rigides commencent à s’adapter. La SEC et la CFTC ont récemment évoqué un passage à des marchés financiers ouverts 24h/24 et 7j/7, calqués sur le modèle crypto. Le gouvernement américain teste déjà la publication de ses données économiques sur la blockchain, via Pyth Network et Chainlink, dans un effort de transparence et de modernisation. Ces initiatives, encore expérimentales, révèlent une chose : la frontière entre l’ancien monde financier et le nouveau devient de plus en plus floue.
Cette bascule n’est ni soudaine ni uniforme, mais elle est bien engagée. Le constat de Srinivasan, aussi radical soit-il, s’appuie sur des données économiques tangibles et des initiatives institutionnelles concrètes. Reste à savoir si ce futur Internet-First sera plus équitable, décentralisé et démocratique… ou s’il ne fera que reproduire les travers du passé, sous une forme digitale.