L'Union européenne (UE) se prépare activement à l'avènement de l'euro numérique avec l'élaboration d'une législation encadrant l'émission et l'utilisation de la monnaie numérique de banque centrale (CBDC). En effet, cette dernière suscite depuis toujours des débats animés au sein des États membres et des institutions européennes quant à son utilité réelle. Responsable des services financiers de l'UE, Fabio Panetta préconise donc une approche réfléchie dans l'élaboration de cette législation afin d'effectuer en douceur cette transition numérique.
Le plaidoyer pour la prudence
L'argent liquide a longtemps été le pilier des transactions financières en Europe, incarnant la stabilité et la confiance depuis des générations. Cependant, avec la montée en puissance des cryptomonnaies et des initiatives de CBDC dans d'autres régions du monde, l’UE ressent le besoin de suivre le rythme de l'innovation financière.
L'euro numérique est ainsi devenu un sujet brûlant de discussion, porteur d'un potentiel énorme pour remodeler la manière dont les Européens effectuent leurs transactions financières. Toutefois, il est essentiel de se montrer prudent dans la manière d'aborder cette transition numérique majeure.
À cet égard, Fabio Panetta préconise une approche réfléchie dans l'élaboration de la législation sur l'euro numérique. Il a expliqué que précipiter celle-ci avant les élections de juin 2024 serait une erreur. Selon lui, le saut vers cette CBDC devrait être précédé d'une réflexion approfondie et d'une compréhension complète des implications de celui-ci. Passer d'une économie basée sur l'argent liquide à une économie numérique soulève de nombreuses questions, notamment sur la vie privée, la sécurité et la stabilité financière.
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L'appel à une solution de paiement numérique inclusive
La Commission européenne a proposé un cadre pour la monnaie numérique, mais la décision d'émettre l'euro numérique relève de la Banque centrale européenne (BCE). Cette dernière devrait annoncer son choix en octobre. Plusieurs pays membres de l'UE, notamment l'Irlande, l'Espagne, la France et l'Italie, ont déjà exploré des prototypes d'euro numérique en collaboration avec la BCE.
Cependant, les approches utilisées par ces derniers varient, certains pays visant des prototypes fonctionnels dès l'automne 2023, tandis que d'autres adoptent une approche plus prudente d'évaluation des avantages et des risques. Dans ce contexte, M. Panetta souligne la nécessité de créer une solution de paiement numérique européenne véritablement inclusive qui réponde aux besoins et aux préférences de tous les citoyens.
Une étroite coopération entre les institutions européennes est indispensable pour la réussite de cette initiative. Il est impératif que la BCE, la Commission européenne et les autres acteurs concernés travaillent de concert pour parvenir à une conception optimale de l'euro numérique.
En somme, la création de l'euro numérique peut contribuer à renforcer la souveraineté économique de l'UE. Cependant, il est crucial de maintenir un équilibre entre l'innovation technologique et la réglementation nécessaire pour garantir la sécurité des utilisateurs et la stabilité du système financier.