L’émergence des agents IA autonomes appelle de nouvelles normes pour sécuriser leurs interactions. Avec la proposition ERC‑8004, Ethereum pose les fondations d’un écosystème où la confiance ne dépend plus des humains, mais de registres on-chain. Une avancée qui pourrait bouleverser la manière dont machines et smart contracts coopèrent.
ERC‑8004 : Trois registres pour une confiance sans intermédiaire
Proposée le 19 août 2025, la norme ERC‑8004 introduit un protocole baptisé « Trustless Agents », conçu pour encadrer les échanges entre agents autonomes, notamment ceux pilotés par intelligence artificielle. L’originalité du modèle repose sur un protocole agent-à-agent (A2A), appuyé par trois registres onchain : identité, réputation, et vérification.
Ces registres ont chacun un rôle bien défini. Le registre d’identité permet d’attester l’existence d’un agent de manière vérifiable. Celui de réputation conserve l’historique des actions, facilitant ainsi la détection de comportements malveillants. Enfin, le registre de vérification sert à prouver les interactions passées entre agents, même sans contact préalable. L’ensemble vise à rendre chaque transaction traçable, vérifiable et fiable, sans nécessiter de tiers de confiance.
Ryan Lee, Chief Analyst chez Bitget, qualifie cette avancée de « saut audacieux vers l’avenir », estimant que le protocole « comble élégamment le fossé de confiance entre agents issus d’organisations différentes ». Il y voit l’infrastructure idéale pour héberger des agents intelligents, capables de négocier des stratégies DeFi, de gouverner des DAOs ou encore de déclencher des contrats en temps réel, le tout sur une couche ouverte et vérifiable.
L’approche de cette proposition est résolument tournée vers la sécurité des interactions IA, en tirant pleinement parti des propriétés immuables de la blockchain Ethereum. Ces garanties techniques renforcent la possibilité pour des agents autonomes de s’engager dans des échanges de données, services ou ressources avec un niveau d’assurance élevé, tout en conservant une structure décentralisée.
Vers une machine-économie décentralisée ?
Au-delà de la seule sécurité, ERC‑8004 esquisse une vision ambitieuse : celle d’une économie automatisée reposant sur des agents logiciels collaborant via Ethereum. Dans cette architecture, les smart contracts deviennent des intermédiaires entre les utilisateurs humains et les entités IA. Ethereum se positionne alors comme une base de confiance universelle, où les règles sont codées, auditées et partagées.
Ce cadre ouvre la voie à des cas d’usage concrets. Les protocoles DeFi pourraient déléguer certaines tâches à des agents autonomes dotés de réputation, tandis que les DAOs exploreraient des modèles de gouvernance dynamiques et adaptatifs selon les performances passées. L’automatisation des contrats gagne ainsi en profondeur : un agent pourrait exécuter un scénario complexe sans supervision, simplement en s’appuyant sur son historique de réputation et de validation.
Ryan Lee rappelle que l’intégration de ces systèmes reste compatible avec la nature permissionless d’Ethereum, tout en représentant une « manœuvre stratégique » visant à renforcer l’interopérabilité et la confiance dans les dApps propulsées par l’IA. Il souligne néanmoins les défis à relever : scalabilité des interactions on-chain, intégrité des registres, et cadre réglementaire en évolution.
En jetant les bases d’une collaboration entre agents autonomes sur une infrastructure ouverte et sécurisée, ERC‑8004 positionne Ethereum comme acteur central de l’intelligence décentralisée à l’ère du Web3.