Le Dubai International Financial Centre (DIFC) franchit une étape décisive en approuvant le tout premier fonds de marché monétaire tokenisé. Cette initiative marque l’intégration concrète de la tokenisation dans les systèmes financiers régulés et préfigure un nouveau paysage pour les actifs du monde réel.
La DFSA donne le feu vert à QCDT, un fonds pionnier dans la tokenisation
Le 8 juillet 2025, l’autorité de régulation du DIFC, la Dubai Financial Services Authority (DFSA), a officiellement autorisé le QCD Money Market Fund Token (QCDT). Ce fonds est le fruit d’une collaboration entre la Qatar National Bank (QNB) et la fintech DMZ Finance, et représente une première dans le paysage réglementé de Dubaï.
Le QCDT se base sur la tokenisation d’actifs traditionnels comme des bons du Trésor américains, dans le but de les rendre utilisables dans divers contextes financiers numériques. Parmi les cas d’usage envisagés : la liquidité sur les marchés d’échange, les systèmes de paiement Web3, ou encore la stabilisation de stablecoins via des réserves on-chain adossées à des actifs réels.
Nathan Ma, cofondateur de DMZ Finance, a souligné la portée de cette approbation réglementaire : « La tokenisation des actifs réels n’est plus expérimentale — elle devient une infrastructure essentielle ». De son côté, Silas Lee, représentant de QNB à Singapour, a déclaré que ce lancement renforce la position de la banque en tant que acteur leader dans l’innovation financière de la région.
Gracy Chen, CEO de Bitget, voit dans cette approbation un signal fort d’un tournant institutionnel majeur. Selon elle, « L’agrément du QCDT marque une avancée décisive pour les RWA. Le fonds est conçu pour des usages institutionnels régulés allant du collatéral on-chain au soutien de stablecoins ». Elle souligne également que cette étape s’inscrit dans un contexte où l’appétit institutionnel pour les RWA diversifiés s’accélère, notamment avec 420 millions $ en crédits privés, 87 millions $ en bons du Trésor américains et 31 millions $ en fonds alternatifs déjà intégrés on-chain.
Les actifs tokenisés, moteur d’un marché en pleine expansion
La démarche de Dubai s’inscrit dans un mouvement global de transformation des marchés financiers. Selon une étude conjointe de Ripple et Boston Consulting Group, le marché des actifs du monde réel (RWA) tokenisés pourrait atteindre 18,9 trillions de dollars d’ici 2033. Cette estimation repose sur l’accélération de l’adoption institutionnelle, couplée à des infrastructures réglementaires de plus en plus ouvertes.
Dubai et Doha figurent aujourd’hui parmi les écosystèmes les plus dynamiques dans ce domaine. Grâce à une stratégie d’ouverture technologique et à une régulation adaptée, ces places financières attirent banques, émetteurs et développeurs de solutions blockchain. Le cas du QCDT illustre parfaitement cette convergence : d’un côté la solidité des actifs traditionnels, de l’autre la fluidité et la programmabilité offertes par les chaînes de blocs.
Cette tendance s’inscrit aussi dans un mouvement plus large dominé par des initiatives comme le fonds BUIDL de BlackRock, qui représente à lui seul 30 % du marché des trésoreries tokenisés, selon Gracy Chen. Ce chiffre met en évidence le poids croissant des grands acteurs traditionnels dans l’écosystème on-chain, et la montée en puissance des RWAs comme pilier de la finance numérique.
L’objectif de QNB et DMZ est d’inscrire ces produits dans le quotidien des transactions institutionnelles, qu’il s’agisse de collatéral pour la finance décentralisée, de garanties bancaires ou de structures de liquidité adossées à des actifs tangibles. Cette perspective ouvre la voie à une finance hybride, où les standards de conformité côtoient l’innovation technologique la plus avancée.
En validant ce fonds innovant, Dubai ne se contente pas de suivre une tendance : elle l’institutionnalise. À travers des initiatives comme le QCDT, la finance traditionnelle et l’infrastructure blockchain amorcent une convergence prometteuse, susceptible de transformer durablement les usages et les standards des marchés financiers. Pour les investisseurs, les régulateurs et les acteurs technologiques, cette évolution représente un terrain fertile où se dessinent les contours d’une nouvelle économie numérique.