Et si le salut des blockchains passait non pas par la compétition, mais par l’abandon pur et simple de leur indépendance ? C’est l’idée, à la fois radicale et pragmatique, que Vitalik Buterin défend aujourd’hui. Alors que la course aux performances et à l’innovation entre les couches 1 s’essouffle, Ethereum pourrait bien devenir le socle incontournable sur lequel les autres blockchains bâtiront leur avenir.
Vers une simplification radicale des couches 2
Dans un billet publié le mercredi, Vitalik Buterin a soutenu l’idée que de plus en plus de blockchains de couche 1 devraient envisager de devenir des couches 2 sur Ethereum. Pour Buterin, la clé réside dans une conception minimaliste de ces nouvelles couches. Selon lui, « la meilleure façon de construire une L2 est de s’appuyer entièrement sur les atouts d’Ethereum, notamment la sécurité, la disponibilité des données et la résistance à la censure ». Il ajoute que les réseaux doivent réduire leur logique interne à deux fonctions essentielles : un séquenceur, chargé de l’ordre des transactions, et un prover, qui génère les preuves de validité.
Cette vision fait écho aux échecs des blockchains privées du début des années 2010, incapables de concilier performance et confiance. Aujourd’hui, Buterin affirme que cette promesse est enfin réalisable via Ethereum : « Avec les L2 d’Ethereum, vous pouvez atteindre la minimisation de la confiance et l’efficacité que les blockchains d’entreprise cherchaient à l’époque ». Il prend aussi soin de rappeler que l’infrastructure d’Ethereum peut protéger les droits des utilisateurs même si un problème survient sur la couche 2.
Rejoindre Ethereum, plutôt que rivaliser avec lui sur la scène crypto
Au-delà des aspects techniques, cette position de Buterin traduit un repositionnement stratégique majeur : celui d’un écosystème qui invite désormais les couches 1 existantes à cesser la compétition frontale avec Ethereum pour adopter un rôle complémentaire en tant que couche 2. Jason Chaskin citait d’ailleurs la transition de Celo, devenue récemment une L2, comme un modèle réussi.
Dans la foulée, la Foundation Ethereum a aussi dévoilé une feuille de route ambitieuse autour du zkEVM, visant à intégrer d’ici un an l’exécution via les ZK-proofs. Ce projet réduira la charge des validateurs, qui n’auront plus besoin de reconstituer l’ensemble des blocs, mais seulement de vérifier les preuves. Ce contexte renforce l’attrait d’un Ethereum toujours plus robuste et efficient comme plateforme d’accueil pour des solutions décentralisées.
Dans cette logique, le message de Buterin est clair : à l’avenir, les couches 1 pourraient survivre non pas en se différenciant d’Ethereum, mais en devenant des extensions agiles et spécialisées de celui-ci. Loin d’être un repli, cette intégration pourrait signer une nouvelle ère de modularité pour l’écosystème Web3. Reste à savoir qui sera prêt à franchir le pas — et qui s’obstinera à rester indépendant, au risque de devenir obsolète.