Ce week-end, The Open Network (TON), le projet blockchain adossé à Telegram, a secoué la sphère Web3 avec l’annonce d’un programme inédit : obtenir un visa doré de 10 ans aux Émirats arabes unis en échange du staking de 100 000 $ de Toncoin (TON) pendant trois ans. Mais à peine la nouvelle s’est-elle répandue, qu’un démenti officiel est venu refroidir les ardeurs. Cette affaire soulève bien des interrogations : entre coup de communication audacieux, emballement médiatique et mise au point réglementaire.

TON, staking et Visa doré : Une annonce fracassante

Le 6 juillet, TON a lancé une campagne de communication percutante : « Obtenez votre visa doré en moins de 7 semaines », en misant sur un nouveau mécanisme de staking crypto. Le principe ? Verrouiller l’équivalent de 100 000 $ en Toncoin (TON) pendant trois ans, via un smart contract décentralisé, et s’acquitter d’un forfait de 35 000 $ pour les frais administratifs. À la clé : un visa de résidence longue durée aux Émirats, valable 10 ans, étendu aux membres de la famille sans frais additionnels (hors frais gouvernementaux standards).

Présentée comme une alternative plus accessible que l’investissement immobilier classique (généralement à partir de 540 000 $), l’offre a suscité l’enthousiasme d’acteurs crypto reconnus. Bobby Ong, cofondateur de CoinGecko, a commenté sur X : « L’entrée est 5 fois moins chère que l’immobilier ou les dépôts à terme équivalents. Cela attirera forcément les baleines vers TON ». L’annonce a fait bondir le prix du Toncoin de plus de 10 % en quelques heures, atteignant environ 2,98 $.

Démenti officiel et doutes croissants dans la crypto

Toutefois, la fête a été de courte durée. Le même jour, l’agence de presse officielle des Émirats (WAM) a publié un communiqué conjoint de plusieurs entités régulatrices, dont la Federal Authority for Identity, Citizenship, Customs and Port Security (ICP), la Securities and Commodities Authority (SCA) et la Virtual Assets Regulatory Authority (VARA). Leur message est sans ambiguïté : « Les visas dorés ne sont pas accordés aux détenteurs d’actifs crypto ». La VARA précise même que « la société TON n’est ni enregistrée ni régulée » par ses services.

Dans le même temps, Changpeng “CZ” Zhao, fondateur de Binance et lui-même bénéficiaire d’un visa doré émirati, a exprimé son scepticisme sur X : « C’est réel ? Ce serait génial si c’était vrai. Mais j’ai reçu des informations contradictoires ». Il ajoute : « Je ne vois aucun site officiel gouvernemental avec cette mise à jour ». Bien que Pavel Durov, fondateur de Telegram, ait relayé l’annonce via un influenceur crypto, cela ne constitue pas une validation institutionnelle.

Entre promesse séduisante et rectification réglementaire, cette affaire TON illustre les tensions persistantes entre innovation crypto et cadre légal. Dans un écosystème en quête de reconnaissance, l’attrait d’un visa crypto-friendly pouvait sembler logique. Pour les investisseurs, l’affaire rappelle une règle d’or : dans la crypto comme ailleurs, quand une offre semble trop belle pour être vraie… elle l’est probablement.