L’univers crypto n’est jamais à court de controverses, mais celle-ci pourrait bien redéfinir les limites entre pouvoir politique, argent et justice. Alors que Donald Trump multiplie les gestes de séduction envers l’électorat pro-crypto à l’approche de 2026, sa décision de gracier le cofondateur de Binance, Changpeng Zhao, fait l’objet d’un tir groupé de la part de sept sénateurs démocrates. Soupçons de conflit d’intérêts, connexions financières troubles, atteinte à l’indépendance de la justice : les accusations sont graves. Retour sur une affaire explosive où se mêlent pouvoir, crypto et stratégie électorale.

Une grâce présidentielle qui fait scandale

Les sénateurs Elizabeth Warren, Bernie Sanders et cinq autres figures démocrates ont adressé mardi une lettre ouverte au Département de la Justice, dénonçant la décision de Trump de gracier Changpeng Zhao, fondateur de Binance. Ils estiment que cette grâce signale aux dirigeants crypto et autres criminels en col blanc qu’ils peuvent commettre des crimes en toute impunité. Le document ajoute que Trump encourage la criminalité à condition qu’elle l’enrichisse.

La critique ne vient pas uniquement du Sénat. Maxine Waters, figure de la commission des services financiers à la Chambre, a également fustigé Trump, l’accusant de « rendre de grands services aux criminels crypto qui ont financé ses intérêts personnels ». Les sénateurs jugent que cette décision pourrait durablement nuire à l’autorité de la justice fédérale et affaiblir la capacité des régulateurs à lutter contre la criminalité financière.

Binance, Trump et le parfum du conflit d’intérêts avec la crypto

Les sénateurs ne s’arrêtent pas à l’acte de grâce : ils dénoncent aussi les liens financiers entre Trump et Binance. Ils rappellent que la famille Trump a lancé la plateforme crypto World Liberty Financial (WLFI), soupçonnée d’avoir bénéficié du soutien de Binance. CZ aurait facilité des rencontres et introductions, une implication qu’il a démentie en mai.

Les révélations vont plus loin : selon des rapports récents, un lobbying massif aurait été orchestré en amont de la grâce. Binance aurait ainsi versé 450 000 $ à des lobbyistes pro-Trump, ainsi que 290 000 $ à l'avocate Teresa Goody Guillén, proche du dossier CZ et ancienne candidate à la présidence de la SEC.

Au-delà du scandale politique, cette affaire soulève des questions majeures pour l’industrie crypto. Si les accusations sont avérées, elles pourraient marquer un précédent dangereux : celui d’un président prêt à monnayer la clémence judiciaire. De quoi ternir encore un peu plus l’image déjà fragile du secteur aux yeux du grand public et des régulateurs.