Les stablecoins, longtemps perçus comme de simples outils de transfert de valeur, sont en train de devenir l’infrastructure de règlement par défaut pour l’Internet tout entier. Dans une déclaration remarquée, Noam Hurwitz (Alchemy) affirme que ces actifs crypto surpassent désormais Visa et Mastercard en volume on-chain. Cette bascule silencieuse pourrait redessiner les frontières entre finance traditionnelle et finance programmable.

Les stablecoins deviennent la nouvelle norme des paiements on-chain

Selon Noam Hurwitz, responsable de l’ingénierie chez Alchemy, l’adoption des stablecoins a connu une croissance « explosive », au point qu’ils sont « en train de devenir la couche de règlement par défaut pour l’Internet ». Dans une déclaration forte, il souligne que les volumes on-chain réglés via des stablecoins ont désormais dépassé ceux de Visa et Mastercard de 7 %. Cette évolution s’explique en partie par la capacité de ces actifs crypto à rendre l’argent « bon marché, rapide, global et sécurisé à transférer ». Des géants comme PayPal, Stripe, Robinhood ou encore Visa s’appuient sur l’infrastructure d’Alchemy pour leurs transactions en stablecoins.

Derrière cette montée en puissance se cache une utilisation multifonctionnelle des stablecoins. En plus des paiements transfrontaliers, on les retrouve dans des cas d’usage émergents comme les marchés prédictifs (à l’instar de Polymarket). Ces actifs crypto, en particulier Tether (USDT), se muent également en puissants acteurs macroéconomiques. Tether détient environ 113 milliards de dollars en bons du Trésor américain et aurait généré 13 milliards de dollars de bénéfices en 2023, selon Hurwitz. Il souligne que « l’argent tokenisé est la base du système financier tokenisé » et qualifie cette dynamique d’« excitante ».

Régulation, innovations et défis : la route vers la domination des stablecoins

Outre leur adoption rapide, les stablecoins bénéficient désormais d’un cadre réglementaire plus structuré. La semaine dernière, le Sénat américain a adopté le GENIUS Act, une législation historique qui établit des garde-fous fédéraux autour de ces actifs crypto. Pour Hurwitz, « l’adoption récente du Genius Act clarifie et structure le paysage réglementaire, ce qui profite aux acteurs établis tout en encourageant l’innovation ». Ce contexte plus lisible ouvre la porte à une adoption plus large par les institutions financières traditionnelles.

Un autre jalon clé est l’initiative Kinexys de JPMorgan : un dépôt tokenisé qui offre aux clients institutionnels un accès à des dépôts porteurs d’intérêts sur blockchain publique, avec une liquidité quasi immédiate et des règlements 24/7. Cette innovation démontre que les banques ne veulent plus rester en marge de la tokenisation. Toutefois, Hurwitz tempère l’enthousiasme en rappelant les limites techniques actuelles. Il évoque la difficulté de découpler l’expérience utilisateur de la complexité blockchain sous-jacente : « Les entreprises veulent profiter des rails crypto, mais séparer cette expérience de la technologie exige une expertise technique profonde. »

L’essor fulgurant des stablecoins marque un tournant structurel dans la façon dont la valeur circule sur Internet. Entre adoption institutionnelle, avancées réglementaires et innovations techniques, ces actifs crypto s’imposent progressivement comme l’infrastructure financière de demain. Reste à savoir si leur promesse tiendra face aux critiques des régulateurs et aux défis d’interopérabilité à grande échelle.