L'adoption des stablecoins entre dans une nouvelle ère. Le GENIUS Act, récemment voté au Congrès américain avec le soutien de plus de 300 représentants, bouleverse les règles du jeu. En séparant clairement les stablecoins à rendement des cryptos destinés aux paiements, cette loi établit un précédent réglementaire qui pourrait catalyser un changement mondial. Entre alignement avec la régulation européenne MiCA et percée de géants comme Mastercard ou Amazon, les implications sont majeures.

Le GENIUS Act redéfinit les rôles des stablecoins aux États-Unis

Adopté début juillet avec le soutien de 102 Démocrates et une large majorité au Congrès, le GENIUS Act met en place la première législation fédérale dédiée aux stablecoins. La disposition clé ? Une séparation nette entre les stablecoins à rendement et ceux destinés à être utilisés comme moyens de paiement. Pour Fabian Dori de Sygnum, « le GENIUS Act [...] crée une séparation claire entre les stablecoins porteurs d’intérêts et ceux utilisés pour les paiements », rapprochant ainsi le cadre américain de la régulation MiCA déjà en vigueur dans l’Union européenne. D’après lui, cette convergence crée les bases d’un consensus réglementaire global.

Mais les enjeux dépassent le cadre juridique. Dori souligne que cette clarté réglementaire tant attendue constitue un levier de confiance pour les entreprises et les émetteurs crypto, susceptibles de développer des « killer apps » centrées sur l’utilité des stablecoins. À mesure que la frontière entre tokens utilitaires et instruments d’investissement se renforce, l’attention se déplace vers les solutions de paiement innovantes. Mastercard, PayPal, mais aussi Amazon ou Walmart explorent désormais activement les paiements transfrontaliers ou les systèmes de paie en stablecoins.

Vers une adoption de masse par les paiements crypto et la finance décentralisée

Alors que les stablecoins à rendement sont désormais restreints aux fonds tokenisés, comme ceux lancés par Goldman Sachs ou BNY Mellon, l’avenir s’écrit du côté des cas d’usage transactionnels. Pour Jason Lau chargé de l’innovation chez OKX, dans un marché saturé, c’est bien l’intégration dans des systèmes de paiement, de commerce et de trading qui fera la différence.

Mais l’enjeu clé reste l’adoption par le grand public. D’après Dori, « ce ne sont pas les fintechs qui font basculer le marché, mais les consommateurs ». Avec des petites transactions ($100 à $1 000) en hausse de 190 % à 563 millions de dollars en seulement quatre mois, et 185 millions de téléphones en Afrique concernés par un projet pilote, l’ancrage dans l’économie réelle devient tangible. Selon Lau, la finance décentralisée pourrait aussi bénéficier d’un regain d’attractivité, les stablecoins jouant déjà un rôle pivot dans la majorité des protocoles.

Cette nouvelle orientation — encouragée par une régulation claire — ouvre la voie à une redéfinition du rôle des stablecoins dans la finance moderne. Plutôt que des véhicules de rendement, ils deviennent des catalyseurs de paiements rapides, accessibles, programmables. Et avec l’intérêt croissant des grands groupes, tout laisse à penser que cette transition crypto n’en est qu’à ses débuts.