Les frais de transaction sur Ethereum viennent d’atteindre un seuil historiquement bas : 0,067 gwei. Une bonne nouvelle pour les utilisateurs ? Pas si sûr. Si cette chute spectaculaire ravit les traders crypto à la recherche de frais réduits, elle soulève en réalité de sérieuses inquiétudes sur la santé économique du réseau. Cette actualité, qui s’inscrit dans un contexte post-crash d’octobre et de baisse d’activité on-chain, pourrait bien marquer un tournant dans la trajectoire d’Ethereum.
Des frais à 0,067 Gwei : Un record historique sous surveillance
Les frais de gaz sur Ethereum ont atteint ce dimanche 0,067 gwei, un niveau inédit qui ramène les coûts de transaction à des niveaux dérisoires. À titre d’exemple, le coût moyen d’un swap ne dépasse plus 0,11 $, une vente NFT coûte 0,19 $, et un pont inter-chaînes ne coûte que 0,04 $, selon les données d’Etherscan. Cette baisse intervient après un pic de 15,9 gwei enregistré le 10 octobre, date du crash éclair qui avait fait plonger certaines cryptos de plus de 90 % en 24h. Depuis, les frais sont redescendus sous la barre du gwei, et s’y maintiennent depuis plusieurs semaines.
Cet effondrement des coûts reflète un net ralentissement de l’activité on-chain. Loin d’un emballement du réseau, cette baisse semble alimentée par un désintérêt temporaire des utilisateurs pour les transactions crypto sur la couche principale. Et ce n’est pas un hasard : depuis la mise à jour Dencun de mars 2024, qui a réduit les coûts pour les solutions de seconde couche (L2), l’activité semble s’être déportée vers ces dernières, laissant la couche 1 d’Ethereum sous-utilisée et, par conséquent, très peu chère.
Un modèle économique en péril pour Ethereum ?
Si ces frais minimes peuvent sembler attractifs pour les utilisateurs crypto, ils représentent une menace potentielle pour la pérennité économique d’Ethereum. Depuis 2021, les revenus tirés des frais de transaction sur la couche 1 se sont effondrés de 99 %, selon Token Terminal. Autrefois capable de générer jusqu’à 150 $ par transaction en période de congestion, le réseau principal ne rapporte désormais plus suffisamment pour financer durablement sa sécurité.
En parallèle, l’écosystème L2, encouragé par Ethereum lui-même, absorbe une part croissante de l’activité crypto. Mais cette stratégie de « scaling » est un pari risqué : en déléguant les transactions à d’autres réseaux, Ethereum cannibalise ses propres revenus. Binance l’a souligné dans une récente étude : « les réseaux L2 créent une concurrence interne » qui pourrait, à terme, fragiliser le rôle central de la couche 1.
La chute des frais de gaz à 0,067 gwei est symptomatique d’un basculement profond dans l’écosystème Ethereum. Si les utilisateurs y voient une fenêtre d’opportunité, les développeurs et analystes, eux, s’inquiètent des conséquences à long terme sur la sécurité, les revenus et l’attractivité du réseau. L’avenir d’Ethereum semble désormais suspendu à l’équilibre délicat entre accessibilité pour les utilisateurs crypto et rentabilité pour les validateurs. Un équilibre qu’il faudra rapidement réévaluer pour éviter que la décentralisation ne devienne synonyme de fragilité.