Trois ans après le crash de FTX, les échos judiciaires de l’affaire continuent de faire vaciller l’écosystème crypto. L’affaire Michelle Bond, compagne de Ryan Salame – ex-cadre dirigeant de FTX – relance le débat sur les limites des accords de plaider-coupable. Alors que Salame purge une peine de prison, le spectre de son deal avec la justice refait surface à travers la défense de Bond. Retour sur les faits saillants autour de ce nouvel épisode judiciaire.
Une affaire de couple sous haute tension judiciaire
Le 26 septembre, Michelle Bond, compagne de Ryan Salame – ancien co-PDG de FTX Digital Markets – comparait devant un tribunal fédéral à New York dans le cadre d’une audience probatoire cruciale. Elle est accusée d’avoir reçu des contributions de campagne illégales orchestrées par Salame pour un montant de 400 000 $. Ce dernier, incarcéré depuis octobre 2024, avait plaidé coupable de complot en vue de faire des contributions politiques illégales et de fonctionner sans licence de transmission d'argent, dans le cadre d’un accord avec les procureurs. Bond, elle, rejette en bloc toutes les accusations.
Ce nouveau rebondissement judiciaire ravive les zones d’ombre autour du deal de coopération conclu par Salame. Selon la défense de Bond, les conditions de cet accord — en particulier l’absence supposée de poursuites contre elle — sont directement liées à la stratégie de plaider-coupable de Salame. L’équipe de Bond affirme que « l’état d’esprit » du couple au moment de la signature du deal est « central » dans le litige actuel. Le parquet, de son côté, s’oppose à cette stratégie, estimant que Bond ne peut apporter de témoignage pertinent quant à l’accord de son mari.
Un accord fragilisé, un procès à haut risque
En toile de fond, la défense de Bond met aussi en lumière un épisode peu connu : après avoir plaidé coupable, Ryan Salame a tenté de faire annuler son accord, arguant qu’il avait été conclu avec la promesse implicite que Bond ne serait pas inquiétée. Il a fini par retirer sa requête, laissant à sa compagne le soin de porter ce combat devant la justice. Une requête déposée par ses avocats a également demandé à ce que Danielle Sassoon, ancienne procureure du dossier Sam Bankman-Fried, soit appelée à témoigner sur « toute promesse ou incitation faite à M. Salame pour qu’il plaide coupable ».
La justice américaine ne s’oppose pas à cette convocation, mais exige que des preuves documentaires concrètes soient fournies. L’audience de jeudi marquera le grand retour de Michelle Bond au tribunal, après plusieurs mois de procédures écrites. L’issue de cette audience pourrait s’avérer décisive, non seulement pour sa défense, mais aussi pour évaluer la robustesse de l’accord initial signé par Salame.
Ce nouvel épisode pourrait rouvrir la boîte de Pandore des accords conclus dans l’affaire FTX. Si des failles sont avérées dans les négociations avec les procureurs, d'autres anciens collaborateurs pourraient chercher à renégocier, voire contester leurs peines. À moyen terme, cette situation pourrait affaiblir la stratégie de coopération de la justice américaine dans les enquêtes financières complexes. Et remettre en cause l’équilibre fragile sur lequel repose la cascade de condamnations post-FTX.