Dans un secteur où l’innovation ne suffit plus, Kraken choisit de bousculer le statu quo. En dévoilant Krak, une application de paiement peer-to-peer mêlant crypto et fiat, la plateforme affiche son ambition : devenir un acteur global des services financiers, bien au-delà de l’univers crypto traditionnel. Alors que les géants comme Venmo ou Cash App règnent sur le marché américain des paiements, Kraken se positionne avec une offre hybride, transfrontalière et tournée vers le rendement.

Krak : L’arme de Kraken pour concurrencer Cash App et Venmo

Kraken a officiellement lancé Krak, une application de paiements P2P capable d’envoyer des devises fiat aussi bien que des cryptos, sans frontières géographiques. Selon la déclaration publiée jeudi par l’exchange, l’app proposera aussi un compte d’épargne et de dépense, permettant aux utilisateurs de générer des rendements sur plus de 20 actifs numériques, tout en facilitant les transferts internationaux. Une offensive ambitieuse sur un marché américain du P2P qui devrait dépasser les 8 milliards de dollars cette année.

Cette application se positionne en concurrence frontale avec Venmo (68,3 millions d’utilisateurs en 2024) et Cash App, qui a attiré 57 millions d’utilisateurs actifs mensuels au premier trimestre 2025, pour 3,9 milliards $ de revenus. Ces mastodontes du transfert d’argent, très enracinés aux États-Unis, offrent encore un accès limité aux transactions crypto. Kraken joue donc une carte différenciante en combinant paiement traditionnel, investissement et rendement, tout en tirant parti de sa base crypto.

Une stratégie de diversification en pleine mutation, entre tokenisation et IPO

Au-delà de l’aspect purement fonctionnel, le lancement de Krak s’inscrit dans une stratégie de transformation globale de Kraken, amorcée avec l’arrivée du PDG Arjun Sethi. Déjà en mai, la plateforme avait collaboré avec Banked pour proposer des actions tokenisées aux clients non-américains, entrant ainsi en concurrence directe avec des acteurs comme Robinhood ou eToro. Dans cette optique, Krak représente bien plus qu’un simple produit : c’est un levier stratégique pour élargir le spectre des services et des clientèles.

Cette montée en puissance coïncide avec une actualité brûlante : la préparation d’une entrée en bourse envisagée pour 2026, bien que conditionnée à une plus grande clarté réglementaire autour des actifs numériques, comme l’a confirmé Arjun Sethi. Avec un chiffre d’affaires ayant grimpé à 1,5 milliard de dollars en 2024, porté par un regain d’intérêt pour les actifs numériques, Kraken dispose désormais des moyens pour jouer dans la cour des grands de la fintech. Si le pari Krak réussit, l’exchange crypto pourrait bien devenir un pont entre l’ancienne finance et la nouvelle, à un moment où les lignes bougent rapidement.

Avec Krak, Kraken fait un pas décisif vers l’intégration des services financiers traditionnels et décentralisés, dans un contexte où l’interopérabilité devient la nouvelle frontière. Si le pari est réussi, cela pourrait redéfinir la perception du public vis-à-vis des exchanges crypto, jusqu’ici cantonnés à la spéculation. L’enjeu dépasse le simple produit : il s’agit d’une vision à long terme, où la crypto ne serait plus une niche, mais une norme, et où les transferts d’argent redeviendraient universels.