JPMorgan relance les spéculations autour d’un éventuel stablecoin bancaire. Le géant américain vient de déposer une nouvelle marque baptisée « JPMD », couvrant un large éventail de services liés aux actifs numériques. Cette initiative intervient alors que le débat sur la régulation des stablecoins s’intensifie aux États-Unis.

Un dépôt de marque à fort potentiel crypto

Le 9 juin, JPMorgan Chase a déposé une demande de marque auprès de l’office américain des brevets et des marques (USPTO) pour le terme « JPMD ». Selon les documents officiels, cette marque couvrirait une vaste gamme de services dans l’univers crypto : trading, échange, transfert, compensation et traitement de paiements via actifs numériques.

Bien que le mot « stablecoin » ne figure pas explicitement dans la demande, plusieurs analystes y voient un signal fort. Pour eux, ce dépôt pourrait préparer le terrain à une extension des services blockchain de la banque, voire au lancement d’un nouveau stablecoin. Ce scénario serait cohérent avec les ambitions affichées par JPMorgan dans l’univers des paiements tokenisés.

« Le dépôt de la marque ‘JPMD’ de JPMorgan pour le commerce d’actifs numériques, les paiements et potentiellement un stablecoin souligne son engagement croissant en faveur de l’innovation dans la blockchain », note Ryan Lee, analyste en chef chez Bitget Research. Selon lui, cette initiative s’inscrit dans la continuité du succès de JPM Coin et illustre « l’intégration croissante de Wall Street dans le secteur des cryptomonnaies ».

Un stablecoin bancaire en préparation ?

En mai dernier, le Wall Street Journal révélait que plusieurs grandes banques américaines, dont JPMorgan, Bank of America et Wells Fargo, envisageaient le lancement d’un stablecoin commun. Ce token permettrait de rivaliser directement avec les stablecoins émis par les entreprises crypto-natives.

L’objectif serait de fluidifier les paiements de détail et transfrontaliers, un terrain sur lequel les stablecoins comme USDT (Tether) et USDC (Circle) dominent aujourd’hui. Selon le WSJ, les banques considèrent ces tokens comme un « outil stratégique » pour accélérer les transactions tout en gardant le contrôle de l’infrastructure financière.

Déjà active sur la blockchain, JPMorgan dispose d’une plateforme interne, Kinexy (anciennement Onyx), qui a traité plus de 1 500 milliards de dollars via JPM Coin, son stablecoin privé adossé à des devises fiat (dollar, livre sterling, euro). Ce token reste réservé aux transferts interbancaires entre clients institutionnels.

« Le dépôt de JPMD reflète également l’adoption plus large de la crypto par Wall Street, les grandes institutions explorant de plus en plus les stablecoins et les ETF », souligne Ryan Lee. Il estime que cette dynamique « témoigne d’une confiance accrue des institutions » et pourrait à terme « injecter davantage de liquidités sur le marché ».

Vers une mutation de la finance traditionnelle ?

Le dépôt de la marque « JPMD » alimente l’idée d’un glissement progressif des grandes banques vers les services blockchain et les monnaies numériques. Cette évolution coïncide avec les débats en cours au Congrès américain sur le GENIUS Act, une proposition de loi visant à encadrer les stablecoins.

Adopté à 68 voix contre 30 au Sénat, ce texte pourrait ouvrir la voie à une régulation fédérale du secteur. Si la loi est votée à la Chambre et signée par le président, elle pourrait créer un cadre propice à l’essor de stablecoins bancaires.

« Cette démarche intervient à un moment où l’environnement réglementaire américain se précise », observe Ryan Lee, rappelant que « des propositions telles que la loi GENIUS ouvrent la voie à une participation institutionnelle plus large ». Selon lui, à mesure que la clarté réglementaire s’installera, « d’autres banques suivront probablement le mouvement, ce qui accélérera l’adoption et renforcera l’intégration des cryptomonnaies dans le système financier ».

Dans ce contexte, le mouvement de JPMorgan apparaît stratégique. Il pourrait annoncer une prochaine offensive des grandes institutions financières sur un marché encore dominé par les acteurs crypto-natifs, dont Tether (156,3 milliards de dollars de capitalisation) et USDC (61,3 milliards), selon DefiLlama.