Une nouvelle bataille pour le contrôle des stablecoins vient de se solder par une victoire inattendue. Le lancement du stablecoin USDH par Hyperliquid ne passe pas inaperçu, non seulement par son ambition de concurrencer les géants comme l’USDC, mais aussi par la controverse qui a entouré l’attribution des droits d’émission. Entre promesse d’autonomie et soupçons de favoritisme, cette annonce cristallise les tensions d’un secteur en quête de stabilité... et de pouvoir.
Une montée en puissance orchestrée
Mercredi, Hyperliquid a officiellement lancé son premier stablecoin natif, l’USDH. En moins de 24 heures, près de 2 millions de dollars ont été enregistrés en volume d’échange. L’émission de l’actif crypto est confiée à Native Markets, une startup dirigée par Max Fiege, ex-présidente de Uniswap Labs Mary-Catherine Lader et le chercheur Anish Agnihotri. Sélectionné via un vote des validateurs le 14 septembre, Native Markets a été chargé de superviser les flux futurs sur la plateforme. « USDH fournit un actif indexé sur le dollar pour les traders tout en gardant le rendement dans l’écosystème », a expliqué l’équipe dans sa proposition initiale.
Lancé sur HyperEVM, la couche d’exécution compatible Ethereum d’Hyperliquid, l’USDH promet une alternative aux stablecoins externes. Il est adossé à du cash et à des équivalents de bons du Trésor américain, et géré via Bridge, la plateforme de tokenisation de Stripe, pour assurer les réserves. Ce design vise à maintenir la valeur dans l’écosystème Hyperliquid, tout en assurant une transparence de la gouvernance. La plateforme crypto elle-même, pourtant composée d’une équipe réduite de 11 personnes, a généré 330 milliards de dollars de volume de trading en juillet 2025.
Critiques sur l'attribution des droits au sein de la crypto
Le processus d’attribution des droits d’émission d’USDH a déclenché une véritable bataille entre acteurs du secteur crypto. Dès l’annonce du processus de gouvernance le 5 septembre, plusieurs poids lourds comme Paxos, Frax Finance, Curve, Agora, Sky ou encore Bitgo ont soumis des propositions. Pourtant, certains membres de la communauté ont dénoncé une procédure biaisée. Le partenaire chez Dragonfly Capital, Haseeb Qureshi, a ainsi affirmé sur X que « plusieurs candidats ont rapporté que les validateurs n’étaient intéressés que par Native Markets »
Qureshi a également souligné que Native Markets était une startup sans historique opérationnel, contrastant avec les candidats institutionnels rejetés. La soumission rapide de leur dossier, quasiment simultanée à l’appel d’offres, laisse selon lui entendre qu’ils auraient été prévenus. Malgré ces critiques, Native Markets a obtenu plus des deux tiers des voix, emportant ainsi la première grande décision de gouvernance d’Hyperliquid.
Cette controverse soulève des questions sur la crédibilité du modèle décentralisé promu par Hyperliquid, dont la crypto native, HYPE, a perdu 7 % cette semaine selon CoinGecko. Alors qu’Aster, concurrent direct sur la BNB Chain, a récemment doublé Hyperliquid en volume, l’avenir du projet dépendra de la capacité de Native Markets à instaurer la confiance. En dépit des critiques, l’USDH pourrait incarner un tournant stratégique, mais il devra faire ses preuves au-delà du battage médiatique initial.