Alors que la régulation des marchés prédictifs agite Washington, Polymarket choisit d’accélérer en prenant tout le monde de court. Entre investissement stratégique, figures politiques controversées et retour annoncé sur le sol américain, la plateforme de paris décentralisés ne cache plus ses ambitions. Retour sur une manœuvre à plusieurs étages qui pourrait bien redéfinir les frontières entre politique, finance et crypto.

Trump Jr. entre au board, 1789 Capital injecte des millions

Polymarket a annoncé ce mardi l’arrivée de Donald Trump Jr. au sein de son conseil consultatif, dans la foulée d’un investissement majeur du fonds 1789 Capital. Fondé sur une vision politique conservatrice, ce fonds déclare soutenir les entreprises qui, selon lui, renforcent l’exceptionnalisme américain. Le montant exact n’a pas été dévoilé, mais Axios évoque une levée à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars. Pour Trump Jr., devenu partenaire du fonds en 2024, Polymarket est un outil capable de court-circuiter la propagande médiatique et les pseudos experts, en misant sur ce que les gens croient vraiment.

Cette opération intervient alors que Polymarket cherche à se repositionner légalement aux États-Unis. Pour rappel, la CFTC avait sanctionné la plateforme à hauteur de 1,4 million de dollars en 2022 pour avoir opéré illégalement sur le marché américain. Depuis, la firme a racheté QCEX, une plateforme réglementée, pour 112 millions de dollars afin d’assurer son retour dans les clous.

Retour sur le marché américain malgré la tempête réglementaire

Au-delà de l’investissement, Polymarket semble déterminé à regagner sa place sur le marché américain. L’entreprise a récemment publié un règlement spécifique pour les utilisateurs américains et diffusé des campagnes publicitaires ciblées. Ce retour intervient alors que le débat sur les paris électoraux s’intensifie. Lors de la présidentielle 2024, plus de 3,6 milliards de dollars ont été misés sur la plateforme, dont 2,7 milliards sur le duel Trump–Harris.

Dans un contexte tendu, même la NFL s’inquiète. La ligue de football américain estime que des plateformes comme Polymarket posent des risques d’intégrité en l’absence de systèmes de conformité équivalents à ceux des bookmakers traditionnels. Le message est clair : le retour sur le marché américain ne se fera pas sans obstacle.

À plus long terme, Polymarket prépare une levée de fonds de 200 millions de dollars, pour une valorisation visée d’un milliard. Cette offensive stratégique soulève de nombreuses questions sur l’avenir de la régulation, le rôle des plateformes décentralisées, et la frontière de plus en plus floue entre spéculation politique et influence idéologique.