L’écosystème crypto a connu un revers spectaculaire au premier trimestre 2025, avec un quart des tokens récemment lancés qui ont tout simplement disparu. Ce phénomène, mis en lumière par CoinGecko, révèle des fragilités structurelles dans la création de tokens. Quelles sont les causes de cette vague d’échecs ? Quelles plateformes y sont associées ? Décryptage des tendances et implications.

Un quart des tokens échouent dès leur lancement : Chiffres et causes majeures

Selon les données publiées le 30 avril par CoinGecko, sur près de 7 millions de tokens listés sur différentes blockchains depuis 2021, plus de la moitié ne sont plus actifs. Précisément, 3,7 millions d’entre eux ont cessé d’être échangés et sont considérés comme “morts”. La situation s’est brutalement aggravée début 2025. Au cours des trois premiers mois de l'année, 1,8 million de nouveaux tokens ont cessé de fonctionner, ce qui représente à peu près 25 % de tous les tokens créés sur la période.

Cette explosion du nombre d’échecs s’explique en partie par l’essor de Pump.fun, une plateforme de création de tokens lancée en janvier 2024. Celle-ci permet de générer des tokens en quelques clics, rendant leur émission plus accessible que jamais. Cependant, cette démocratisation s’est faite au prix d’une baisse drastique de la qualité des projets.

Les statistiques de Pump.fun sont parlantes. En effet, 98 % des tokens créés via la plateforme échouent, et même lors de sa semaine la plus productive en novembre 2024, seulement 1,67 % des tokens ont réussi à atteindre le marché ouvert. Ces chiffres mettent en évidence un écosystème où la barrière à l’entrée est si basse qu’elle facilite la prolifération de projets sans vision, ni développement, ni communauté.

Les memecoins et l’instabilité politique comme catalyseurs

La majorité des tokens échoués relèvent de la catégorie des memecoins, souvent lancés pour surfer sur une tendance virale sans réel fondement technologique ou économique. Les outils comme Pump.fun ont permis à ces actifs de se multiplier à un rythme effréné, saturant le marché d’offres dénuées de valeur ajoutée.

À cette dynamique s’ajoute un facteur géopolitique non négligeable. Il s'agit de l’investiture de Donald Trump en janvier 2025. Ce changement à la tête des États-Unis a entraîné une série d’incertitudes économiques, provoquant une volatilité accrue sur les marchés financiers, y compris le secteur des cryptoactifs. Cette instabilité a affecté la confiance des investisseurs et accéléré l’abandon de nombreux tokens, notamment ceux qui ne disposaient pas de bases solides.

La combinaison d’une création de tokens trop facile et d’un contexte macroéconomique instable a donc amplifié un phénomène déjà inquiétant : la disparition rapide de milliers de projets blockchain dès leur lancement. Les chiffres de CoinGecko pointent vers un besoin de régulation et de critères de qualité plus stricts dans l’univers des tokens. La survie et la légitimité de l’écosystème crypto pourraient bien en dépendre.

Réflexions sur les perspectives du secteur

La multiplication des échecs de tokens au premier trimestre 2025 soulève des questions sur les critères de qualité des projets blockchain et sur la responsabilité des outils qui en facilitent l’accès. Alors que l’industrie bénéficie d’une visibilité croissante, l’essor de projets éphémères risque d’en altérer la crédibilité.

Face à ce constat, il devient nécessaire de repenser l’approche actuelle. Une vigilance renforcée de la part des investisseurs, un meilleur accompagnement des créateurs de tokens et, à terme, l’instauration de standards minimaux pourraient contribuer à assainir l’écosystème. Comme lors des débuts du web, l’innovation technologique a besoin de garde-fous pour éviter l’émergence d’une bulle spéculative déconnectée des usages concrets.

Si la blockchain reste porteuse de promesses, elle ne peut prospérer sans un minimum de rigueur dans ses fondations. L’avenir de la crypto passera sans doute par un meilleur encadrement des conditions de création de tokens et par une prise de conscience collective de l’importance de la viabilité technique et économique.