La controverse entre Elizabeth Warren et Changpeng Zhao (alias CZ), ancien PDG de Binance, met en lumière les tensions croissantes entre régulateurs et figures emblématiques de l’industrie crypto. Alors que Zhao tente de redorer son image après sa condamnation, la sénatrice démocrate, connue pour sa ligne dure sur la finance décentralisée, persiste et signe. Retour sur une confrontation explosive, à l’intersection du droit, de la politique et de la blockchain.
Menaces judiciaires contre Elizabeth Warren
Dans une lettre adressée à Elizabeth Warren, l’avocate de Changpeng Zhao, Teresa Goody Guillén, a menacé la sénatrice de poursuites pour diffamation à la suite d’un post publié le 23 octobre sur X. Ce message accusait CZ d’avoir plaidé coupable à une accusation criminelle de blanchiment d’argent et d’avoir obtenu un pardon corrompu de Donald Trump. Zhao, de son côté, a nié ces accusations en déclarant publiquement : « Il n’y avait AUCUNE accusation de blanchiment d’argent ». La défense de l’ancien magnat de la crypto exigeait le retrait du message et d’une résolution sénatoriale connexe, estimant que ces déclarations portaient atteinte à sa réputation.
Le conflit juridique repose sur l’interprétation du chef d’accusation retenu contre CZ. En novembre 2023, ce dernier a plaidé coupable pour non-respect du Bank Secrecy Act, une loi américaine sur le blanchiment d’argent, en lien avec l’échec de Binance à maintenir un programme de conformité contre le blanchiment d’argent. En avril 2024, il a été condamné à quatre mois de prison. L’avocat de Warren, Ben Stafford, a répliqué en affirmant que la déclaration de sa cliente était véridique à tous égards et que « toute plainte en diffamation serait sans fondement ».
Trump, lobbying crypto et pardon controversé
Outre les accusations liées à la condamnation de CZ, l’affaire prend une tournure plus politique avec les allégations selon lesquelles Binance aurait financé l’écosystème crypto pro-Trump. Il s’agit notamment du stablecoin USD1, développé avec World Liberty Financial, une entreprise proche de la famille Trump. Elizabeth Warren a évoqué dans son post que Zhao aurait « financé le stablecoin de Trump et fait du lobbying pour un pardon », ce que le camp CZ perçoit comme une attaque personnelle.
Des médias comme Politico et le Wall Street Journal ont rapporté que Binance aurait mené des efforts de lobbying coûteux et prolongés pour gagner la faveur de personnalités influentes dans l'entourage de Trump. Ce contexte alimente les critiques autour du pardon présidentiel octroyé à CZ, considéré par certains comme entaché d'intérêts croisés. Dans sa lettre, Stafford souligne que Warren s’est contentée de « mentionner des faits publics et largement rapportés », insistant sur l'absence de « malveillance réelle », un critère légal clé pour établir la diffamation d’un personnage public.
Au-delà du duel Warren–Zhao, l’affaire illustre les lignes de fracture entre régulateurs et l'industrie crypto, à l’approche de l’élection présidentielle américaine. Elle soulève également la question de l’utilisation stratégique des pouvoirs de grâce dans un secteur où la légitimité et la transparence sont plus cruciales que jamais.