Alors que les stablecoins non adossés au dollar gagnent en visibilité, un token peu connu jusqu’alors, l’A7A5, attire désormais l’attention... mais pour de mauvaises raisons. Soutenu par la Russie et indexé sur le rouble, ce stablecoin est dans le collimateur de l’Union européenne, qui pourrait prochainement l’inscrire sur la liste des entités sanctionnées. Dans un contexte géopolitique toujours plus tendu, où crypto et sanctions internationales s’entrelacent, la montée en puissance de ce token inquiète les régulateurs européens.
L’UE veut frapper le stablecoin russe A7A5 de sanctions
L’Union européenne envisage de sanctionner l’A7A5, un stablecoin adossé au rouble russe, selon des documents consultés par Bloomberg. Ce token, lancé en février sur les blockchains Ethereum et Tron, serait au cœur d’un réseau crypto utilisé par Moscou pour contourner les sanctions occidentales. L’UE pourrait ainsi interdire à ses citoyens et entreprises toute interaction directe ou indirecte avec le token, même via des tiers.
La montée en puissance de l’A7A5 a été foudroyante : une hausse de 250 % de sa capitalisation a été enregistrée en une journée, le 26 septembre, juste une semaine après les sanctions européennes contre les plateformes crypto russes. Elle est passée de 140 millions à plus de 491 millions de dollars selon CoinMarketCap, s’établissant aujourd’hui à près de 500 millions $, soit 43 % du marché des stablecoins non adossés au dollar.
A7A5 : un projet crypto sulfureux au cœur des tensions géopolitiques
Derrière l’A7A5, on retrouve des acteurs controversés. Le projet crypto a été lancé par Ilan Shor, un banquier moldave sanctionné, et la banque russe Promsvyazbank, détenue par l’État. Le stablecoin se présente comme adossé à des « dépôts fiduciaires diversifiés dans des banques fiables du réseau kirghize », une affirmation difficilement vérifiable.
Le token ne s’est pas limité au marché russe. Malgré les interdictions, la société qui le soutient a participé au salon Token2049, avec un stand et une prise de parole d’un dirigeant, Oleg Ogienko, avant d’être expulsée de l’événement. Ce positionnement agressif à l’international et l’appui indirect de certaines banques d’Asie centrale alimentent les soupçons sur son rôle dans l’évasion des sanctions.
L’UE s’inscrit ici dans la continuité des États-Unis et du Royaume-Uni, qui avaient déjà ciblé en août plusieurs entités, dont la Capital Bank of Central Asia et deux plateformes crypto kirghizes, Grinex et Meer. À mesure que les régulateurs traquent les mécanismes d’évitement, la crypto devient un terrain stratégique dans l’arsenal diplomatique. L’approbation des 27 États membres est encore requise pour que les sanctions entrent en vigueur, mais ce signal fort pourrait redéfinir la traçabilité des stablecoins géopolitiques.