La Securities and Exchange Commission (SEC) vient d’ajouter un nouveau chapitre au feuilleton juridique l’opposant Elon Musk. Si l’actualité judiciaire du patron de X (ex-Twitter) est souvent scrutée, l’information qui vient d’émerger intrigue davantage : le président par intérim de la SEC, Mark Uyeda, a voté contre les poursuites engagées contre Musk. Une dissension interne qui soulève des questions de fond sur la gouvernance actuelle de la SEC, sur fond d’accusations politiques et de tensions persistantes entre l’agence et la figure la plus provocatrice de la tech américaine.

Une SEC divisée sur le cas Musk

Le 24 mars, Reuters a révélé que Mark Uyeda, président par intérim de la SEC, s’est opposé à la plainte déposée par l’agence contre Elon Musk, concernant une potentielle violation des lois sur les valeurs mobilières. Selon des sources anonymes, la commission a voté à quatre contre un en faveur d’une action en justice, Uyeda étant le seul commissaire à voter contre. Nommé par Donald Trump, il n’en est pas à sa première divergence de position.

En cause : le rachat de Twitter par Musk pour 44 milliards de dollars en 2022. La SEC affirme que Musk a omis de déclarer son entrée au capital dans les délais légaux, alors qu’il avait franchi le seuil de 5 % de détention. Un retard de 11 jours qui, selon l’agence, aurait permis à Musk d’acheter davantage d’actions à prix réduit, lui faisant économiser environ 150 millions de dollars. Cette plainte s’ajoute à une série d’affrontements anciens entre Musk et le régulateur, dont l’intensité semble s’être récemment exacerbée.

Riposte musclée et guerre d’image

Elon Musk, fidèle à sa stratégie de confrontation directe, n’a pas tardé à réagir publiquement. Sur X, il a dénoncé une institution qui, selon lui, laisse impunis de « nombreux vrais crimes ». Son avocat, Alex Spiro, a pour sa part estimé que cette action représente « un aveu » d’incapacité de la SEC à monter un véritable dossier contre son client. La contre-offensive de Musk ne se limite pas aux mots : il a appelé les citoyens à dénoncer les abus de la SEC via une campagne lancée le 17 février par le Department of Government Efficiency (DOGE).

Mais la bataille dépasse désormais le cadre juridique. Un décret signé par Donald Trump appelle à un réexamen des enquêtes jugées « politiquement motivées » au sein des agences fédérales, y compris la SEC. Ce contexte confère à l’affaire une dimension éminemment politique, où Musk se positionne en victime d’un système biaisé, mobilisant ses 200 millions de followers pour peser dans l’opinion publique.

L’opposition de Mark Uyeda souligne une fracture interne au sein de la SEC, révélatrice des tensions politiques autour de l’institution. Le soutien implicite de l’administration Trump à Musk, couplé à ses propres contre-mesures via le DOGE, suggère une possible escalade institutionnelle sans précédent. Alors que Musk doit répondre à la plainte d’ici au 4 avril, une question se pose : la SEC peut-elle encore affronter Musk sur un terrain juridique, ou la confrontation va-t-elle glisser vers un combat politique aux répercussions bien plus larges ?