Une crise de confiance vient d’éclater au sein de l’écosystème Ethereum. Alors que la Fondation Ethereum tente de redessiner sa stratégie financière et organisationnelle, des accusations graves viennent d’être portées par un développeur historique du projet : Péter Szilágyi, lead dev de Geth, le client Ethereum le plus utilisé. Ce dernier affirme que la fondation a discrètement financé une équipe parallèle de développement, sans en informer l’équipe originale. Une révélation qui remet en question la transparence du projet et soulève des inquiétudes sur sa gouvernance.
La Fondation Ethereum accusée de mener un double jeu
Le 5 juin, Péter Szilágyi, développeur principal de Geth, a révélé sur X (ex-Twitter) que la Fondation Ethereum aurait secrètement financé une seconde équipe de développement de Geth, sans prévenir les principaux développeurs historiques. Selon lui, cette initiative aurait été dissimulée à lui-même ainsi qu'à Felix et Martin, deux autres développeurs clés. Il affirme n’avoir découvert l'existence de cette équipe qu’en novembre 2024, ce qu’il a d'abord indiqué par erreur comme 2025 avant de corriger.
Szilágyi explique également avoir été licencié de la Fondation après avoir confronté Josh Stark, représentant de la Fondation Ethereum, lors d’un entretien en tête-à-tête. Il estime que l’objectif de la Fondation était de pousser les développeurs Geth vers d’autres structures, notamment par des pressions financières. L’organisation aurait même proposé 5 millions de dollars pour que l’équipe se transforme en entreprise privée, tout en coupant les salaires et en incitant les membres à rejoindre d’autres entités.
Une réorganisation opaque dans un climat de défiance
Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de mutation au sein de la Fondation Ethereum. Le 2 juin, celle-ci annonçait des licenciements internes et une refonte de ses équipes techniques. L’objectif affiché : recentrer les efforts sur le scaling du protocole, l’augmentation du blobspace, et surtout, une amélioration de l’expérience utilisateur, jugée encore trop complexe. Mais ces annonces sont venues sans véritable transparence sur les modalités internes, ce qui jette une lumière différente sur les accusations de Szilágyi.
Parallèlement, la stratégie de financement de la Fondation a elle aussi été profondément modifiée. Désormais, cette dernière ne financera plus ses opérations en vendant de l’ETH sur le marché, mais en générant du rendement via les protocoles DeFi. Une logique plus financière, peut-être plus rentable à terme, mais aussi plus opaque et plus risquée si elle s’accompagne d’une gouvernance jugée autoritaire ou d’un manque de concertation avec les équipes historiques.
Les accusations de Péter Szilágyi ne sont pas seulement une querelle interne : elles remettent en cause la gouvernance même de l’un des projets blockchain les plus importants au monde. Si des développeurs clés perdent confiance dans la Fondation, c’est toute la crédibilité d’Ethereum qui pourrait vaciller aux yeux de la communauté et des investisseurs institutionnels. À l’heure où les ambitions autour des couches 2 et des RWA explosent, cette affaire pourrait avoir des conséquences durables si elle n’est pas clarifiée rapidement.