Un texte législatif porté par deux sénateurs démocrates vise les data centers responsables de fortes émissions de CO2. Une mesure qui pourrait impacter directement les géants du mining de bitcoin et les infrastructures d’IA.
Le Clean Cloud Act cible la consommation énergétique des infrastructures numériques
Présenté par les sénateurs Sheldon Whitehouse et John Fetterman, le projet de loi baptisé Clean Cloud Act entend réguler les émissions des data centers consommant plus de 100 kilowatts d’énergie informatique. D’après Bloomberg, l’initiative vise à répondre à la hausse rapide de la demande énergétique, notamment liée à l’essor de l’intelligence artificielle et des cryptomonnaies.
Le texte charge l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) de fixer des plafonds d’émissions selon l’intensité carbone des réseaux électriques régionaux. L'objectif affiché est de réduire les émissions de ces installations de 11 % par an. En cas de dépassement, une taxe de 20 dollars par tonne de CO2 équivalent serait appliquée, avec une hausse annuelle indexée sur l’inflation, majorée de 10 dollars.
Un billet publié sur le site du comité sénatorial de l’environnement souligne que « la demande énergétique des centres de données et des mineurs de crypto dépasse la croissance de l’électricité décarbonée ». Les auteurs du texte alertent également sur les risques de hausse des factures pour les ménages si cette tendance n’est pas encadrée.
Entre transition énergétique et stratégie géopolitique : Une loi clivante
Le Clean Cloud Act survient dans un contexte où les mineurs de bitcoin cherchent à diversifier leurs revenus. En 2025, plusieurs acteurs du secteur, comme Galaxy, CoreScientific ou Terawulf, se sont orientés vers l’hébergement de calculs haute performance destinés à l’IA, selon des données de VanEck. Une stratégie de reconversion face à des prix de marché en repli et au récent halving du bitcoin.
Matthew Sigel, responsable de la recherche sur les actifs numériques chez VanEck, dénonce une approche déséquilibrée. Il estime que cette initiative « cherche à désigner l’infrastructure informatique comme bouc émissaire » des enjeux climatiques, sans prendre en compte les efforts d’adaptation en cours dans le secteur.
La loi pourrait également entrer en contradiction avec la nouvelle orientation politique portée par Donald Trump. Le candidat républicain a annulé un décret de Joe Biden sur la régulation de l’IA, et affirme vouloir faire des États-Unis « la capitale mondiale de l’intelligence artificielle et des cryptomonnaies ». Une posture qui rend incertaine l’adoption finale de la loi au Sénat.
Si le Clean Cloud Act n’est encore qu’à l’état de projet, il révèle une fracture grandissante entre les ambitions climatiques des législateurs et la réalité économique des infrastructures numériques. L’objectif de réduction des émissions est clair, mais les modalités d’application, notamment la pénalisation financière, font craindre une pression accrue sur des industries déjà sous tension.
À plus long terme, cette initiative soulève des interrogations sur la compétitivité des États-Unis dans la course mondiale à l’IA et à la blockchain. Entre transition énergétique et enjeux de souveraineté technologique, le débat ne fait que commencer.