Quand les banques ferment, les lois discriminent ou les gouvernements s’effondrent, mais le bitcoin (BTC) continue de circuler. De Chypre à l’Afghanistan, la crypto a démontré sa capacité à contourner des systèmes traditionnels défaillants. Mais aujourd’hui, ce sont les États-Unis, première puissance économique mondiale, qui se retrouvent au cœur du dilemme : réguler ou étouffer l’innovation ? Dans un contexte de transition politique, le secteur crypto fait face à un tournant décisif entre usage concret et brouillard juridique.
Le bitcoin sous pression, mais utile quand tout s’effondre
Alors que la crise bancaire chypriote de 2013 faisait craindre une sortie brutale de l’euro, nombre de citoyens se sont tournés vers le bitcoin comme refuge. « Les habitants de Chypre ont commencé à acheter du bitcoin comme valeur refuge à l’époque », rappelle Perianne Boring, fondatrice de la Digital Chamber. Pour elle, ce fut l’un des premiers cas documentés où le bitcoin s’est imposé comme alternative tangible aux monnaies fiduciaires.
Autre exemple marquant : en Afghanistan, alors que les femmes se voyaient interdites d’ouvrir des comptes bancaires, la militante Roya Mahboob a utilisé le bitcoin pour contourner l’exclusion. « Il n’y avait aucune loi qui interdisait aux femmes de détenir un portefeuille Bitcoin », explique Boring. Lorsque les Talibans ont repris le pouvoir, ces femmes ont pu fuir le pays avec leurs fonds intacts : « Elles ont pu emporter leurs bitcoins avec elles… et désormais, elles peuvent recommencer leur vie avec les ressources qu’elles avaient gagnées. » Ces récits démontrent que, loin du simple actif spéculatif, le bitcoin remplit une fonction sociale vitale dans les zones de crise.
Régulation crypto aux États-Unis : virage ou impasse ?
Depuis la fin de l’ère Gensler, Paul Atkins a pris la tête de la SEC. Cette transition ouvre un nouveau chapitre. Selon Perianne Boring, « La SEC ne devrait pas être le régulateur principal des cryptomonnaies. La plupart sont des marchandises et devraient être encadrées par la CFTC. » Ce changement de cap reflète une tension croissante entre innovation technologique et inertie réglementaire. Si des règles claires ne sont pas rapidement établies, les entreprises crypto pourraient continuer à fuir vers des juridictions plus accueillantes.
Cette transition réglementaire pourrait donc soit stabiliser l’écosystème américain, soit le marginaliser au profit de centres émergents comme Dubaï ou Singapour. Pour les développeurs, investisseurs et politiques, le moment est critique. L’avenir de la crypto aux États-Unis dépendra de la capacité à concilier clarté juridique et liberté d’innover, sans compromettre la sécurité des utilisateurs.
Les exemples concrets de Chypre et de l’Afghanistan soulignent le rôle vital des cryptos comme filets de sécurité alternatifs. Mais cette utilité, aussi tangible soit-elle, pourrait être écrasée si le contexte réglementaire – notamment aux États-Unis – n’évolue pas dans le bon sens. Alors que la Maison-Blanche change de ton et que la SEC pourrait céder la main, l’écosystème tout entier attend avec impatience un cadre stable.